Maroc: Analyse de la situation économique & perspectives à moyen terme

Après avoir enregistré 4.5% de croissance en 2015, l’économie marocaine a connu un coup de frein pour ne croître que de 1.5% tout au long de l’année 2016. En 2015, à plus de 3,6 milliards d’euros sur l’année, les investissements directs étrangers se sont situés à leur plus haut niveau historique. Par ailleurs, en juillet 2016, le flux des investissements directs étrangers (IDE) au Maroc a baissé de 34,9%. Ce ralentissement a confirmé la mauvaise entame de l’année lorsque le PIB marocain a reculé de 3 points de pourcentage sur un an pour passer de 4.7% au premier trimestre en 2015 à 1.7% seulement à la même période de l’année 2016. 

Selon les chiffres de la banque centrale marocaine, le déficit commercial s’est aggravé de  29.8 milliards de dirhams en raison de la hausse plus importante des importations (+9.5%) par rapport aux exportations (+2.5%). De ce fait, le taux de couverture des importations par les exportations a dégringolé à 54.8%. Cependant, la hausse des importations provoquant un déficit commercial plus important est imputée à une montée de 27% des achats de biens d’équipement, ce qui laisse prévoir une accentuation imminente du rythme de l’investissement et par conséquent de fortes probabilités de relance. 

Par ailleurs, malgré la baisse du taux de croissance de l’économie marocaine, les réserves de change ont affiché une nette amélioration de 12.1% en 2016 en glissement annuel. Ce niveau a permis aux réserves en devises étrangères d’atteindre l’équivalent de 7 mois d’importations de biens et services. Actuellement en Tunisie, les réserves sont à leurs plus bas niveaux depuis 10 ans (l’équivalent de 100 jours d’importation) malgré le rythme déchaîné de l’endettement. Confirmant le mauvais passage que connait l’économie marocaine, la croissance s’est inscrite en ralentissement au troisième trimestre 2016 à 0,8% contre 4,1% une année auparavant.

Sur le marché du travail, l’année 2016 s’est caractérisée par la disparition de 37.000 postes plombée par 119.000 postes perdus dans le secteur agricole. Le taux de chômage, quant à lui, a baissé de 0,3 point à 9,4%. Cette amélioration est liée à la diminution de la population active de 0,7%. Au niveau national, le taux de chômage au niveau des jeunes âgés de 15 à 24 ans, s’est atténué de 20,8% à 22,5%.

S’agissant du déficit budgétaire, hors privatisation, il a atteint à fin décembre de l’année dernière 42,1 milliards de dirhams, en aggravation de 2,1% par rapport à l’année 2015, et en dépassement de 5,5 milliards par rapport aux objectifs préétablis. L’évolution des prix à la consommation s’est stagnée. L’inflation a clôturé l’année avec 1,8%, soit une inflation moyenne de 1,6% au cours de l’année 2016. Par conséquent, l’inflation demeure inchangée par rapport à l’année 2015. Selon une note publiée par le centre marocain de conjoncture (CMC), l’économie marocaine est très exposée aux chocs extérieurs. En 2016, le ralentissement du PIB est dû à une conjoncture internationale défavorable au niveau du secteur du Phosphate et dérivés. Sur un autre plan, l’économie marocaine souffre de la prépondérance de la corruption. Ceci est considéré comme la principale entrave à l’investissement. 

Selon plusieurs experts, l’économie du pays a du mal à décoller pour diverses raisons :

  • Un faible niveau de diversification
  • Pénurie de la main d’œuvre qualifiée
  • Une faible capacité de résilience aux chocs systémiques
  • La faible convertibilité de la monnaie locale
  • Une justice non garantie et un cadre juridique non développé
  • Inégalité régionale et sociale

Pour l’année 2017, la banque centrale marocaine a prévu une reprise économique. La croissance prévisionnelle de 4.7% devrait être tirée par le secteur agricole qui contribue jusqu’à 15% du produit intérieur brut du pays. En effet, le Maroc a toujours cherché à développer son modèle économique de manière durable. Le gouvernement marocain doit œuvrer à rendre la croissance moins volatile et moins dépendante d’un secteur agricole vulnérable. Néanmoins, le Royaume reste l’un des pays les plus attractifs en termes d’investissement. Il bénéficie également d’un afflux touristique très important, représentant une manne financière considérable en devises étrangères. Rabat, a pu consolider ses partenariats commerciaux et a bâti en un peu de temps de solides conventions stratégiques avec plusieurs pays émergents et des puissances mondiales (Russie, Chine..) Le retour du pays à l’Union africaine a été salué par les économistes du pays étant donné le potentiel énorme de collaboration et les opportunités d’investissement que peuvent naître de cette adhésion. La nouvelle stratégie basée sur le développement durable se traduit par une vision plus réaliste et moins dépendante aux calculs politiques et se base aussi sur un nouveau concept fondé sur la décentralisation.

SBK