La restructuration des centres techniques recommandée pour relever le défi de la compétitivité

Les centres techniques tunisiens opérant dans le textile, le cuir et chaussures, le bois, la chimie, l’agroalimentaire, les industries mécaniques et électriques, les matériaux de construction et l’emballage, sont presque vidés de leurs cadres. Ceux-ci, peu motivés et découragés par des bas salaires, sont partis travailler pour le compte des privés, a indiqué Ridha Klai, directeur général de l’Infrastructure Industrielle et Technologique au ministère de l’Industrie, lors d’un séminaire organisé, vendredi, à Tunis, sur « les centres techniques: états des lieux et stratégies de développement ». Le responsable a indiqué qu’un statut des centres techniques sera bientôt mis en place et des contrats par objectifs qui détermineront les responsabilités du ministère et celles des centres, seront conclus à cet effet.
Le président du Centre Technique de l’industrie du Bois et de l’Ameublement (CETIBA), Khaled Sellami a expliqué, à ce sujet, que « l’aspect administratif qui a été imposé aux centres techniques ne permet pas à ces centres d’assurer de manière efficace leurs missions. En outre, les statuts appliqués au personnel sont inappropriés à leur fonctionnement et ne favorisent pas le recrutement et la fidélisation des compétences ».
Il est revenu, dans ce contexte, sur le décret d’application, daté du 13 mars 1995, portant fixation du statut-type des centres techniques dans les secteurs industriels, précisant que ce décret a consacré l’autorité de l’administration, alors que la loi n° 94-123 du 28 novembre 1994, considère les centres techniques comme personne morale d’intérêt économique publique gérée en partenariat public privé (PPP).
Une étude stratégique sur les centres techniques réalisée en coopération avec l’UE et l’UTICA, a déjà cité cette faiblesse au niveau de l’organisation des centres techniques et d’autres lacunes concernant le manque d’équipements, de laboratoires ainsi que l’absence de synergie entre les centres techniques et l’autorité de tutelle.
Intervenant à cette rencontre, la ministre conseiller, chef de coopération à la délégation de l’Union européenne en Tunisie, Armelle Lidou, a indiqué que l’étude réalisée sur les centres techniques tunisiens moyennant un financement de l’UE, de l’ordre de 200 millions euros (don) prévoit plusieurs actions basées sur des recommandations liées à la bonne gouvernance, à la la gestion et aux statuts.
Elle a fait savoir qu’un programme d’appui industriel et agricole en cours d’élaboration sera lancé en 2018, lequel cible les centres techniques et vise à améliorer la compétitivité de l’industrie tunisienne via la modernisation des normes techniques. « Les centres techniques sont des dispositifs qui aident l’industrie tunisienne à se conformer aux normes techniques internationales et partant faciliter l’accès des produits locaux aux marchés internationaux et promouvoir le commerce et les exportations », a indiqué la responsable européenne.
D’après le ministère de l’Industrie et du Commerce, les centres techniques ont accompagné 3000 entreprises en 2016 contre 1000 entreprises entre 2008-2009. Leur chiffre d’affaires a augmenté de 50% durant les 7 dernières années, pour atteindre 10 milliards.
Des accords de partenariat ont été signés, en marge de ce séminaire, entre le ministère de l’Industrie et du Commerce et les 8 centres techniques, en vue de réaliser des études stratégiques et sectorielles pour la période 2017-2019. Ces études devraient déboucher sur des politiques visant à développer les secteurs ciblés.