Les défis de la gestion de la pénurie d’eau en Tunisie

La gestion de la pénurie d’eau demeure l’un des dossiers lourds en Tunisie, et l’impact du changement climatique a aggravé le problème. Face à la demande croissante, en raison du taux d’urbanisation rapide et la diminution des réserves d’eau naturelle, la gestion des ressources en eau est devenue une priorité absolue en Tunisie.

Au cours de la dernière décennie, la Tunisie a obtenu un succès considérable en élargissant l’accès aux services d’eau et d’assainissement, mais des défis subsistent. La croissance de la population urbaine a mis une pression énorme sur les réserves d’eau. Les cinq dernières années plusieurs zones du pays ont connuesdes coupures dans les services d’eau en raison de pénuries. Parallèlement à l’urbanisation, il y a une demande croissante d’eau provenant de l’industrie et de l’agriculture. L’augmentation de la demande cumulée des trois est un défi qui ne peut être relevé que par une gestion efficace de l’approvisionnement en eau du pays.

Certainement, un approvisionnement continu n’est pas une option, car l’eau est un moteur de développement. Un approvisionnement régulier et durable en eau est un facteur essentiel pour une croissance durable.La Tunisie a relevé ce défi en adoptant un ensemble de politiques visant à rationaliser l’utilisation de l’eau et à moderniser son réseau de distribution. Le gouvernement et la Société nationale d’exploitation et de distribution des eau (SONEDE), ont lancé le programme national d’investissement dans la sécurité de l’eau pour assurer la continuité des services d’eau au cours de la prochaine décennie malgré la croissance rapide de la demande.

La banque mondiale s’est engagés dans un deuxième projet d’investissement dans le secteur de l’eau visant à promouvoir une gestion et une exploitation plus efficaces de certains systèmes d’irrigation publics, améliorer l’accès et la qualité de l’eau potable pour les ménages dans les communautés rurales et aider les Ministères de l’agriculture, de l’environnement et du développement durable et d’autres parties prenantes à prendre de meilleures décisions concernant la gestion intégrée des ressources en eau en Tunisie.

Malgré ces efforts,  la sècheresse rend la pénurie de l’eau en Tunisie une réalité aujourd’hui. Plusieurs experts en gestion des ressources en eau voient que la situation hydrique de la Tunisie est alarmante. Les niveaux des réserves d’eau dans les barrages ont baissé à21% pouratteindre 749 millions de m3, tous barrages confondus.L’exemple qui illustrerait le mieux cette tendance, qui commence à être préoccupante, est celui du barrage de Sidi Salem, de loin le plus grand ouvrage hydraulique du pays, avec sa capacité de rétention de 450 millions de m3. Aujourd’hui, il est aux trois quarts vide, à seulement 131 millions de m3.

Ces problèmes au niveau de la gestion des ressources en eau reviennent en partie à  la mauvaise gouvernance, surtout que la situation ne s’est pas améliorée malgré l’entrée en service de trois barrages (Zarga, Zayatine et Gamoum), qui totalisent un stock de 58 millions de m3 dont les volumes ne sont pas totalement exploités (seulement 11millions de m3ont été transférés depuis Zayatine vers Sejnane).

Mehdi Mili