Le secteur des carrières en Tunisie : réalité et enjeux !

L’exploitation des carrières en Tunisie est l’un des secteurs les plus importants sur le plan socio-économique. Durant ces dernières décennies, ce secteur a connu une croissance remarquable. Ceci est dû à plusieurs facteurs dont : (i) la croissance du secteur immobilier et (ii) l’augmentation des chantiers de travaux publics tels que les routes, les autoroutes, les ponts et les barrages.

Les pierres exploitées en Tunisie sont essentiellement d’origine sédimentaire et se divise principalement en trois groupes : les pierres marbrières, les pierres ornementales (de taille ayant presque les mêmes caractéristiques que les pierres marbrières) et les moellons qui sont des pierres de construction et/ou de concassage. En outre, on trouve, aussi, comme substance utile à exploiter l’argile, le gypse et le sable. On note que, généralement, l’exploitation des carrières en Tunisie ce fait à ciel ouvert.

Le nombre de carrières, de différentes natures, exploitées est plus de 600. L’exploitation de se fait selon deux modes : (i) d’une manière industrielle avec une capacité de production qui dépasse 70000 t/ans pour les Pierres et 5000 t/an pour les autres produits, (i) le deuxième est d’une manière artisanale où les carrières ont des capacités de production limitées. L’exploitation de ces carrières permet le développement  des cimenteries, des industries des matériaux de construction, de la céramique et du verre. Ce secteur permet d’offrir environ 20000 emplois. Il est à noter que les ciments sont les principaux produits exportés, avec une part de 28% en 2012. Suivis des « carreaux en céramique » et des « plâtres et dérivés » avec respectivement 13 et 12%.

Durant les onze premiers mois 2018, une diminution remarquable pour les investissements déclarés dans le secteur des industries des matériaux de construction, de la céramique et du verre de 15.4% avec 516.0 MD contre 610.1 MD durant la même période de l’année 2017. Principalement suite à la déclaration de la création d’une unité de fabrication d’éléments en béton pour la construction pour un montant de 82.6 MD et à la déclaration de la création d’une unité de fabrication de briques réfractaires pour un montant de 40.0 MD. (Bulletin de Conjoncture Novembre 2018).

Bien que ce secteur soit organisé par plusieurs textes réglementaires et lois consignés dans Le Journal Officiel de la République Tunisienne, les lois régissant n’empêchent pas l’existence d’une exploitation aléatoire de quelques carrières souvent abandonnées après une fin de travaux d’extractions.

D’autre part, il est à noter que pour avoir l’autorisation d’ouvrir une nouvelle carrière, l’exploitant est tenu d’effectuer systématiquement une étude d’impact environnemental sur le milieu naturel. En effet, la prolifération des carrières a été l’origine d’une dégradation du paysage, de bouleversement des équilibres naturels des différents sites exploités et d’une pollution du milieu environnant causé par l’émission de bruit et de grandes quantités de poussières.

Ainsi, pour sauvegarder l’environnement et protéger le patrimoine géologique, un bon plan d’aménagement et de réhabilitation se basant sur  les nouvelles technologies, comme les logiciels de modélisation peut résoudre le problème des carrières après exploitation à travers leur intégration dans leur milieu naturel pour des usages multiples : agricoles, forestiers, de réserve écologique, base de loisirs.

par Dr Mme Manel Ben Fredj Ben Romdhane