Ramadan en Tunisie : entre spiritualité et productivité, comment concilier ?

    Le Ramadan est l’un des événements sacrés de la vie de tout musulman, puisqu’il s’agit du mois durant lequel le Coran a été révélé au Prophète MOHAMED . Le fait de jeûner permet de mettre le système digestif au repos et donner de la place aux processus d’autoguérison et d’autopurification internes. Ça ne s’arrête pas là, en fait ce mois marqué par une atmosphère et ambiance unique est un synonyme de spiritualité accrue, de solidarité et de vertu puisque c’est l’occasion de s’échapper des conditions matérielles de la vie humaine et de se rapprocher ainsi de Dieu. Cependant, dans le monde de travail, cette période est présentée malheureusement d’une façon moins élogieuse. Le rythme et les habitudes changent, la nourriture et les humeurs aussi !

    Ramadan et productivité au travail : 

    Malgré des horaires aménagés et allégés, c’est la période de l’année ou l’absentéisme et les congés maladie atteignent des records. Durant  le ramadan, les conflits internes dus au stress se multiplient. La capacité de concentration des travailleurs est affectée du fait de la diminution du taux de glycémie et de l’arrêt de la consommation de tabac et de caféine. … Certaines personnes ont également tendance à se cacher derrière le jeûne pour justifier leur manque de discipline, les retards et les absences répétés.

    Une telle situation ait beaucoup de répercussions sur la rentabilité des entreprises. Pour le secteur privé, les entreprises tendent à réorganiser le temps de travail, ce qui n’est pas  le cas pour le secteur public. En raison de l’heure de coucher très tardive des jeûneurs, certains fonctionnaires optent pour l’absentéisme .Les absences sans motifs justificatifs atteignent le taux de 10% à 18% dans certains ministères. Les collectivités locales et les établissements publics détiennent le taux d’absentéisme le plus élevé frôlant 40 %.

    Sachant que l‘administration publique tunisienne souffre déjà de régression de productivité,  ce rythme de travail en Ramadan entraîne incontestablement encore un ralentissement du rendement de l’économie nationale avec les absences non justifiées, les retards au travail …

    Comment rester productif au mois du Ramadan ?

    Certains  pratiquants jeûneurs sont habitués à s’alimenter le matin avant l’aube et après le coucher du soleil. Ceux-ci arrivent généralement à tenir le coup et ne souffrent d’aucun problème d’étourdissement ou de malaise. Leur secret réside dans une bonne planification de leur TO-DO List. De toute façon, ils ont banni les boissons énergétiques de leur menu de soir et mangent un repas riche en protéines avant le lever du soleil. Ils exécutent aussi dans la mesure du possible dans la matinée le travail nécessitant un effort de concentration ou nécessitant des efforts physiques.

    Pour les entreprises, les dirigeants peuvent profiter du Ramadan pour mettre en place des ateliers de gestion de stress et des ateliers de Team Building. Cela limite le travail terrain trop physique  au profit d’actions de formation en soft skills, en vue de booster la motivation des collaborateurs et la cohésion d’équipe.

    Des nuits courtes, des journées longues et un sommeil perturbé, il s’agit en effet d’adapter son planning pour réussir son boulot .Au travail, c’est souvent une question d’organisation et de gestion du temps. Il est recommandé de lister les choses à faire tout en repérant ‘les voleurs de temps’ pour pouvoir les exploiter. Les réunions et les activités nécessitant un effort intellectuel, comme les travaux de réflexion et de conception, peuvent être planifiées le matin, de même que les tâches les plus urgentes et les plus importantes. Les réunions doivent cependant être de courte durée afin d’aller à l’essentiel. Les tâches administratives routinières peuvent être gardées pour l’après-midi.

    Hydratation, alimentation saine et équilibrée, sommeil réparateur et maîtrise de soi sont également la clé de la productivité pendant le Ramadan.

    Ramadan Kareem 🙂 

    Par Amal BEN MZAHI – Doctorante en Sciences de Management à l’Université de Sousse