L’initiative Food on Agriculture Resilience Mission (FARM) pourra-t-elle sauver l’Afrique du Nord de la crise céréalière ?

Bien que loin de l’épicentre du conflit ukraino – russe, les pays d’Afrique ne sont pas épargnés de la crise céréalière conséquence directe de cette guerre. Pour trouver un compromis à cette pénurie et avant qu’elle ne soit durement ressentie, le Président E. Macron a profité de la réunion du G7 pour lancer le 24 mars 2022, l’initiative Food and Agriculture Resilience Mission (FARM). Un programme pour lutter contre l’insécurité alimentaire mondiale provoquée par la guerre entre deux grands producteurs de blé.

Dans ce plan qui vise à prévenir les risques de pénurie de céréales en Afrique et qui dépend de « 30 % » du blé russe (3e producteur mondial) et de l’Ukraine (9e producteur mondial), l’Union Européenne a décidé d’inclure l’Afrique dans ce « programme de sauvetage » par une promesse de soutien de « 595 millions de dollars » aux pays pour « accroître leur production céréalière ». L’initiative Food and Agriculture Resilience Mission (FARM) est donc un plan similaire au programme d’aide de « 40 millions » proposé par la Banque Africaine de Développement (BAD) aux pays du continent.

Les trois piliers de l’initiative FARM

A court et moyen terme, il s’agira d’abord d’« élaborer un plan d’urgence commercial en instaurant un système de solidarité permettant de libérer le surplus dans les stocks de certains pays producteurs pour les répartir équitablement aux pays les plus nécessiteux ». Il s’agit-là du pilier commercial et solidarité.

Puis du pilier production, le plan se propose d’« anticiper le manque de production dès cet été par une une aide financière aux pays les plus dépendants des céréales russes et ukrainiennes afin de leur permettre d’accroître leur propre production ».

Une opportunité pour la Tunisie et l’ensemble des pays d’Afrique du Nord

« La bataille de lion avec la gazelle » a provoqué la pénurie des pains et d’autres produits importants à base de céréales surtout en Egypte, en Libye sans oublier la Tunisie où des fils d’attente se remarquent devant les boulangeries. C’est donc face à cela que le Président Macron dans sa conférence de presse lors de l’annonce de l’initiative Food and Agriculture Resilience Mission a prévenu qu’« « à court terme il y aura des difficultés dans ces pays (…) Cette situation va créer une crise alimentaire, des situations humanitaires gravissimes dans plusieurs pays et à coup sûr aura des conséquences politiques massives dans ces pays ».

Une autre alerte est celle de Jean François Lépy, d’InVivo-Souffle qui considère que, « même si la guerre s’achève rapidement, l’Ukraine ne sera pas en mesure de redevenir un champion de l’export avant au moins 2 ou 3 ans », a affirmé Jean François Lépy, d’InVivo-Soufflet. Même son de cloche de Benoit Fayaud de Tallage qui fait remarquer que « l’absence de l’Ukraine sur les marchés mondiaux prive, chaque mois, les pays importateurs de 7 millions de tonnes équivalent de céréales et d’oléo-protéagineux ».

C’est dire que l’initiative Food on Agriculture Resilience Mission (FARM) et aussi le plan proposé par la BAD sont des opportunités offertes surtout aux Etats d’Afrique du Nord pour combler leur retard dans la production céréalière.

Dr Fleury Venance Agou