Afrique : L’industrie du textile pour profiter localement des valeurs ajoutées du coton

D’après les statistiques du Département américain de l’Agriculture (USDA), la production africaine de coton confirmée en hausse de 44% en 2021/2022. Le premier producteur du continent est le Mali avec « plus de 760 000 tonnes au titre de la campagne 2021-2022 ». A ces statistiques, il faut aussi noter que le coton égyptien est le meilleur au monde à cause de sa douceur, sa résistance et sa perméabilité font de cette fibre naturelle, le produit le plus recherché pour la fabrication de draps. Mais, ce coton produit localement ne profite pas à l’Afrique, car exporté sans être transformé. Cette situation a été déplorée par la Banque africaine de développement (BAD) en 2017 lors de ses 52e Assemblées annuelles. Elle a indiqué que le secteur africain du textile-habillement représenterait « un marché de 31 milliards de dollars EU en Afrique subsaharienne. C’est même le deuxième secteur le plus important en termes d’emplois dans les pays en développement après l’agriculture ».

Alors pour que le coton soit très rentable à l’Afrique, il faudra donc encourager et développer le secteur de textile et aussi de la mode. C’est ce que conseil des stylistes africains de renom, notamment Pathé’O, styliste-modéliste, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, créateur des célèbres chemises “Mandela” et le Nigérien Sidahmed Alphadi.

  1. Pourquoi la transformation locale du coton ?
  • Proximité avec le marché européen et faiblesse de la main d’œuvre

Le coton africain est très sollicité par l’industrie textile mondiale pour sa qualité contrairement à celui cultivé en Inde ou en Amérique. Pour bien profiter de cet « or blanc », il faudra lui apporter « une réelle valeur ajoutée » par la transformation localement entre 2 et 5% à ce jour.

Le coton africain jouit aussi d’un grand avantage car proche du marché européen qui est un grand consommateur. Pareillement, le prix de la main d’œuvre est un atout et autre motivation pour les investisseurs dans le secteur textile. C’est pour cela que la Chine a fiat de l’Ethiopie une usine pour son industrie textile.

  • La production des tissus traditionnels

Au-delà de transformer le coton pour la consommation de marchés européen, asiatique, américain,… l’Afrique Subsaharienne est une grande consommatrice de pagne, notamment le wax et le bazin. Malheureusement que ces deux tissus ne son pas fabriqués sur le continent.

Le wax est majoritairement produit en Hollande (en ce qui concerne la qualité la plus recherchée avec la mainmise de l’entreprise VLISCO). Des pays africains se sont engagés pour une production locale : le Bénin (avec notamment l’usine SOBETEX et ses trois qualités de tissu : wax, védomè et chivi), le Ghana (ABC wax), le Niger (Sonitextile) ou encore la Côte d’Ivoire (Uniwax) sont les principaux producteurs locaux.

Concernant le bazin, le coton damassé (ou soie damassée) est importé d’Angleterre, d’Hollande ou de Chine avant d’être teint localement, notamment au Mali qui plébiscite le plus ce tissu brillant des grands évènements. Mais les ateliers de confection à échelle industrielle demeurent encore timides sur le continent. Le Maroc et la Tunisie sont les seuls à développer leurs usines pour devenir des ateliers de confection ouverts aux échanges internationaux.

  • Industrie de la mode :

De plus en plus de nos jours, la mode africaine locale est en pleine expansion localement et à l’étranger. Cela constitue une opportunité des géants de l’industrie de la mode (H&M et Zara notamment) qui pourront être attirés par des coûts plus bas en Afrique qu’en Asie et de surcroît que la population africaine ne cesse de croître (entre 2 et 3 milliards en 2050) et qu’il faudra habiller.

  1. Il ne suffit pas seulement de produire mais de protéger aussi le marché :

L’Afrique subit à l’instar de toutes entreprise la concurrence. Concernant le textile, la Chine est la première concurrente de l’Afrique depuis la fin en 2005 de l’accord multifibres (AMF) qui a mis un terme aux quotas d’importation de la production asiatique en Europe et en Amérique : le libre-échange. Cela a occasionné la fermeture de plusieurs usines de textiles sur le continent comme l’Afrique du Sud avec 150000 emplois perdus en 15 ans ou le Maroc et le Lesotho qui ont vu certaines usines délocalisées vers le continent asiatique. Au Burkina Faso, sur les 46 usines de filature fonctionnelles en 2003, seules une dizaine d’usines sont aujourd’hui en état de marche. L’autre face de la concurrence chinoise consiste en la production de tissu wax pas cher mais souvent de mauvaise qualité, contrefaite, introduite parfois de façon illégale dans les marchés locaux.

Pareillement, l’importation de fripe d’Europe, des USA depuis plusieurs années a « tué » le marché du textile africain. Il s’agit d’un système qui a permis la diffusion de la mode occidentale au détriment des habits traditionnels africains. Cela a donc influé la production locale et son expansion.

Disposant d’atouts pour être un leader de la production de coton et profiter largement de cet « or blanc », l’Afrique peine à saisir cette opportunité et continue d’être un marché de consommation. Il est alors indispensable pour les dirigeants africains de créer d’accélérer la production locale et de créer des usines de transformation dans le but que les valeurs ajoutées du coton profitent aux populations.

A. Fleury