Afrique : Le Japon annonce une enveloppe de 30 milliards $ pour le continent pour les trois prochaines années. Que retenir encore ?

Afrique : Le Japon annonce une enveloppe de 30 milliards $ pour le continent pour les trois prochaines années. Que retenir encore ?

Cette annonce a été faite par le Premier ministre japonais, Fumio Kishida par visioconférence lors de l’ouverture de la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) ouverte, le 27 août 2022 au Palais des Congrès de Tunis en présence du Président tunisien, Kaïs Saïed, et de son homologue sénégalais et Président de la Commission de l’Union Africaine, Macky et de 20 Chefs d’Etat et de gouvernements africains.
Cette promesse a réjoui les leaders africains, dont le Président sénégalais qui a exprimé sa gratitude au gouvernement japonais pour le partenariat afro-nippon.

L’Afrique plaide pour la réallocation des Droits de Tirages Spéciaux (DTS) :
Profitant de la réunion ministérielle de la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD 8) tenue du 26 au 27 mars derniers, plusieurs ministres ont demandé la réallocation des DTS afin de permettre aux Etats africains de relancer leurs économies affaiblies par la pandémie de la Covid-19. D’autre ont en outre, suggéré l’annulation des dettes des pays.
Au cours de cette rencontre, les ministres du continent ont déploré que les crises sécuritaires et sanitaires sont à l’origine de l’augmentation de la dette, réduisant de manière drastique les flux de financement vers les pays africains alors que ceux-ci en ont crucialement besoin pour réagir efficacement et financer leurs investissements.

Le 𝐏𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞𝐫 𝐌𝐢𝐧𝐢𝐬𝐭𝐫𝐞 ivoirien « 𝐚𝐩𝐩𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐥’𝐀𝐟𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐚̀ 𝐟𝐨𝐫𝐠𝐞𝐫 𝐬𝐨𝐧 𝐦𝐨𝐝𝐞̀𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐜𝐫𝐨𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐠𝐚𝐠𝐧𝐞𝐫 𝐞𝐧 𝐬𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐚𝐢𝐧𝐞𝐭𝐞́ 𝐚̀ 𝐭𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐧𝐢𝐯𝐞𝐚𝐮𝐱 »
Représentant le Président de la République à la TICAD 8), le Premier Ministre, Patrick Achi a déclaré à l’ouverture de la conférence que « le temps est venu pour l’Afrique de forger son modèle de croissance pour gagner en souveraineté à tous les niveaux. Ce, dans un contexte planétaire marqué par les conséquences de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine ».
Selon le Premier ministre, « l’Afrique souffre encore trop de sa dépendance aux flux commerciaux et financiers mondiaux qui font peser sur son développement une lourde incertitude face à des crises. Il est temps de transformer notre modèle. Il est donc venu le temps pour l’Afrique de forger son modèle de croissance ». Il a rappelé au continent qu’ »il s’agit de tirer parti de cette crise pour gagner en souveraineté à tous les niveaux, en passant par la préservation de la paix, la sécurité et la stabilité, la souveraineté alimentaire par la modernisation de l’agriculture, sa chaîne agricole et aquacole, le développement et l’industrialisation de la transformation de ses matières premières pour une meilleure intégration dans la chaîne des valeurs mondiales et le développement de l’innovation et des PME ».

Le Japon va réclamer un siège permanent pour l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU :
Cette rencontre a été aussi une opportunité pour le Japon de montrer sa compassion pour l’Afrique qui mène depuis des années une lutte pour avoir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU. Pour cela, le Premier ministre japonais Fumio Kishida s’est engagé à « remédier à une injustice historique » pour que l’Afrique ait un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et le Japon, a fait la promesse de soutenir le continent lorsqu’il sera un membre non permanent en 2023-2024.
Pour le Premier ministre nippon, en agissant ainsi, son pays compte « créer un environnement où le peuple africain pourra vivre en paix et en sécurité afin de pouvoir se développer ». Il s’agit d’une réponse aux sollicitations du Président sénégalais et Président en exercice de l’Union africaine (UA) Macky Sall, qui souhaite que « les mentalités changent ». Il déplore que « ce qui nous déstabilise et nous empêche de nous développer doit être pris en compte par le Conseil de sécurité, dont c’est la mission », a ajouté Macky Sall.

Signature d’un Accord de coopération entre le Japon et des organisations internationale pour « contribuer à la croissance et au développement durables en Afrique grâce à des partenariats renforcés avec les secteurs privés japonais et africains ». Cette signature a eu lieu en marge de la 8ème Conférence Internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique TICAD 8. L’Accord a été ratifié le 28 Août 2022 entre l’Organisation Japonaise du Commerce extérieur (JETRO), l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) et l’Organisation des Nations Unis pour le Développement industriel (ONUDI). Il s’inscrit dans la droite ligne de la « concrétisation de la vision du Japon des horizons de prospérité économique au continent africain ».

Quand la présence du leader du groupe séparatiste du Polisario créée une crise diplomatique :
En décidant de recevoir le leader du mouvement séparatiste avec tous les honneurs réservés à un Chef d’Etat, le Président tunisien a déclenché une crise diplomatique avec le Maroc qui s’est retiré de la TICAD 8.
Pour cela, le Maroc a publié un communiqué de presse pour condamner le pays hôte : « la Tunisie, contre l’avis du Japon et en violation du processus de préparation et des règles établies, a décidé unilatéralement d’inviter l’entité séparatiste », a déclaré le Ministère des affaires étrangères du Maroc. En réponse, la Tunisie a exprimé son « profond étonnement » sur la réaction de la diplomatie marocaine et a rappelé son ambassadeur à Rabat « pour consultations » avant de faire remarquer que le pays observe une « neutralité totale sur la question du Sahara occidental, en conformité avec la légitimité internationale », tout en dénonçant des « préjugés inacceptables à l’égard de Tunisie ».

Emboitant le pas au Maroc, le Président sénégalais et de la Commission de l’UA « regrette que ce rendez-vous de la TICAD soit marqué par l’absence du Maroc, un éminent membre de l’union africaine, faute de consensus sur une question de représentation. Nous espérons que ce problème trouvera une solution durable à l’avenir pour la bonne marche de notre organisation et de nos partenariats dans un cadre serein et apaisé ». D’autres Chefs d’Etat africain ont aussi critiqué dans leurs discours la présence du Polisario à cette conférence.
A titre de rappel, le territoire du Sahara occidental est considéré comme un territoire national pour les Marocains, depuis le départ du colon espagnol et la Marche verte de Hassen II du 6 novembre 1975. L’Algérie considère les choses autrement. Pour elle, tout comme pour une partie des Sahraouis, ce territoire est indépendant et ne saurait être marocain.

Le sommet a réuni 300 hommes d’affaires, dont 100 venus du Japon, représentant les 50 plus grandes entreprises japonaises et institutions économiques internationales, 100 hommes d’affaires d’Afrique, et 100 hommes d’affaires de Tunisie. Des délégations de la Banque africaine de développement, de l’Organisation mondiale du commerce, de la Banque mondiale, de l’Union africaine et des Nations unies y ont également participé. Le Japon a pris l’initiative d’organiser la conférence TICAD, depuis 1993, dans le but de dynamiser le dialogue politique entre les dirigeants africains et les partenaires en matière de développement concernant les défis auxquels le continent doit faire face.
Convoitée pour ses richesses, plusieurs pays développés organisent des Sommets avec l’Afrique et lui dégainent des financements, mais le peuple déplore toujours le retard du continent malgré ses richesses.