Regard sur la démographiques de l’Afrique subsaharienne et ses défis

L’Afrique Subsaharienne se remarque par sa forte démographie par rapporte au reste du monde. La région affiche un taux de fécondité « très élevée (4 à 7 enfants par femme en moyenne, contre 1 à 1,8 dans le monde développé et 2 à 3 dans la plupart des autres pays) ».

De 180 millions dans les années 1950 (7% de l’humanité), la population subsaharienne atteindra 2 milliards en 2050, c’est dire qu’elle aura été multipliée par plus de dix en 100 ans. Elle sera de 3,8 milliards d’individus en 20100 sur un total de 10,9 milliards de Terriens, elle pourrait représenter, soit « 40% » de l’humanité selon le démographe Gilles Pison. A cette prévision s’ajoute celle de l’ONU publiée le 11 juillet 2022 qui rapporte que « les naissances subsahariennes continueront de croître d’année en année, au contraire du reste du monde. En 2100, elles pourraient représenter 43% du total (48 millions sur 111 millions) ». Bien que comportant des conséquences, la densité de la région à la fin du siècle sera de 160 habitants/km2, soit deux fois supérieure à la moyenne mondiale » cependant « le bassin méditerranéen et l’Europe occidentale feront alors figure de continents vides avec des densités humaines cinq à dix fois inférieures », déplorent les démographes.

La tendance sera-t-elle inversée ?

Il faut rappeler que dans les années 1980 et 1990, plusieurs démographes croyaient que l’Afrique connaitrait une décroissance rapide de sa population et une stabilisation à moins de 2,5 milliards en 2100. Mais ils ont vite déchanté en 2005 pour « revoir leurs projections à la hausse avec près du double (4,5 milliards) en 2100 ». Ainsi, de toute la zone subsaharienne, « la fécondité est partout quasi-stable depuis plus de quinze ans. Elle est parfois même en hausse comme à Madagascar. Seule l’Éthiopie fait exception (4,3 enfants par femme en 2016 au lieu de 7 en 1999) », lit-on dans les rapports sur la démographie du continent.
Ainsi, la plupart des démographes ont admis que « le recul de la fécondité n’est pas pour tout de suite ». Cela a été davantage confirmé par les sondages d’opinion réalisés auprès de nigériens qui « souhaitaient avoir neuf enfants (deux de plus qu’en réalité) par les femmes et onze par les hommes ».

Quelle seraient les raisons de la forte fécondité africaine ?

Dans la plupart des pays en développement, « 60 % des femmes en âge d’avoir des enfants ont accès aux contraceptifs modernes. Dans la majorité des pays d’Afrique, le taux est de 20 % ». Il y a une relation évidente entre l’approvisionnement en contraceptifs et la baisse de la fécondité. A titre illustratif, l’Ouganda et la Tanzanie ont approximativement le même revenu par tête, mais le gouvernement de l’Ouganda – jusqu’à récemment – a découragé la planification familiale, et le pays a un indice de fécondité sensiblement plus élevé 6,2 enfants par femme en Ouganda et 5,4 en Tanzanie en 2013…. La Somalie et l’Érythrée 6,8 enfants par femme en Somalie et 4,9 en Érythrée en 2013… ont presque le même revenu par tête, mais l’Érythrée fournit un peu de planification familiale et a une fécondité beaucoup plus basse.

Selon l’Institut Guttmacher, un laboratoire d’idées américain, « cela coûterait à peu près 1,5 milliard de dollars par an pour fournir des contraceptifs modernes à toutes les femmes africaines âgées de 15 à 49 ans qui n’y ont pas accès. Les pays où ils sont utilisés le plus fréquemment sont aussi ceux qui rattrapent le plus vite le reste du monde ».

A-t-on préparé l’avenir des nouvelles naissances ?

Si cette forte démographie témoigne une amélioration de l’expérience de vie et que l’«Afrique enregistre l’un des plus importants taux de croissance » selon le FMI, il faut signaler que c’est le continent le plus précaire malgré ses innombrables.

Mais bien que cette démographie soit une opportunité pour le continent, le Rapport 2015 sur les perspectives économiques de l’Afrique, publié à l’occasion des 50e Assemblées annuelles de la BAD a indiqué que « la population active devrait augmenter de 910 millions entre 2010 et 2050, dont 830 millions en Afrique Subsahariennes ». Ensuite, cette étude a souligné qu’« environ 19 millions de jeunes devraient entrer sur le marché du travail en Afrique subsaharienne et 4 millions en Afrique du Nord. Sur les 15 prochaines années, les chiffres seront respectivement de 370 millions et de 65 millions, soit une moyenne annuelle de 24,6 millions et de 4,3 millions de nouveaux arrivants », note le rapport qui estime qu’il va bien falloir « créer 29 millions de nouveaux emplois d’ici 2030 ». A cela, rappelons que « 250 millions de jeunes en Afrique aujourd’hui, et ils seront 840 millions d’ici à 2050 sur une population de deux (02) milliards ». Une aubaine de mains d’œuvre et aussi de consommation.
A la lecture de ce rapport, les dirigeants africains sont donc prévenus qu’il faut investir pour la jeunesse africaine au risque qu’elle soit désœuvrée, sans emploi avec toutes les conséquences que nous connaissons. L’urgent, est de former cette masse de la population à l’initiative privée en conciliant éducation et besoin économique. Ici, il s’agit de cibler les besoins du pays qui doivent être en équation avec la qualité des formations pour avoir une main d’œuvre qualifiée. Au risque de se retrouver dans une impasse, avec trop de gens ayant trop peu de chances d’échapper à la pauvreté, les pays doivent prôner la bonne gouvernance et investir pour la jeunesse.