La Tunisie mise sur ses cosmétiques pour conquérir l’Afrique

Rédigé par Professeur Mehdi Milli

Le secteur cosmétique tunisien connaît une croissance notable, représentant environ 1,6 % du PIB avec un chiffre d’affaires estimé à 1,77 milliard de dinars. Il emploie environ 20 000 personnes, réparties entre emplois directs et indirects. Malgré cette dynamique, le secteur fait face à des défis tels qu’une pression fiscale élevée et une concurrence accrue des marques internationales.

La Tunisie compte environ 774 entreprises dans le secteur cosmétique, dont 60 entreprises structurées employant chacune plus de six personnes. Cependant, 75 % de ces entreprises opèrent dans l’informel ou emploient des travailleurs non déclarés. Les exportations de produits cosmétiques tunisiens ont atteint environ 225 millions de dinars en 2024, avec un taux de couverture des importations de l’ordre de 60 %.

Les principaux marchés d’exportation incluent la France, l’Allemagne et l’Espagne, attirés par des produits naturels tels que les huiles essentielles et les eaux florales. La Tunisie se distingue également par la production d’huile de figue de Barbarie, un ingrédient prisé dans la cosmétique biologique, occupant le cinquième rang des exportations agricoles biologiques du pays.

Le marché africain représente une opportunité stratégique pour l’industrie cosmétique tunisienne. Des pays comme le Cameroun et la Côte d’Ivoire sont identifiés comme des portes d’entrée vers l’Afrique subsaharienne, où la demande en produits d’hygiène et de beauté connaît une croissance annuelle supérieure à 10 %, contre 4 % dans le reste du monde. Les produits tunisiens, notamment ceux à base d’ingrédients naturels, sont bien positionnés pour répondre à cette demande croissante.

Pour renforcer sa compétitivité sur le marché africain, la Tunisie peut capitaliser sur ses partenariats existants, notamment avec des entreprises françaises, et sur son savoir-faire en matière de production de cosmétiques naturels. Cependant, il est essentiel de surmonter les obstacles actuels, tels que la lourde fiscalité et la concurrence des grandes marques internationales, pour maximiser le potentiel d’exportation vers l’Afrique.

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) représente une opportunité stratégique majeure pour le secteur cosmétique tunisien, en facilitant l’accès à un marché de plus de 1,3 milliard de consommateurs africains. Pour réussir durablement sur le marché africain, il ne suffit plus de proposer des produits standards issus des marchés occidentaux ou d’autres régions. Les consommateurs africains possèdent des attentes, des besoins, des habitudes de consommation et des contextes culturels spécifiques qui influencent fortement leurs choix.

Ainsi, l’adaptation des produits à ces particularités constitue un levier essentiel pour capter leur attention, gagner leur confiance et fidéliser cette clientèle en pleine expansion. En conclusion, le secteur cosmétique tunisien dispose d’atouts significatifs pour s’imposer sur le marché africain. La réussite sur le marché africain passe inévitablement par une stratégie centrée sur la connaissance fine des consommateurs locaux et par une adaptation constante des produits et services à leurs préférences uniques. Ce n’est qu’à ce prix qu’une entreprise pourra construire une relation solide, durable et profitable avec cette clientèle dynamique et en forte croissance.