Tunisie – 2025 : Les recommandations de la Banque africaine de développement pour renforcer le capital national et relancer la croissance

La Tunisie dispose encore de leviers importants pour améliorer l’utilisation de son capital national, selon le Rapport Pays 2025 publié par la Banque africaine de développement (BAD) le 10 juillet 2025. Le document, intitulé « Tirer le meilleur parti du capital de la Tunisie pour favoriser son développement », recommande une série de réformes à court, moyen et long terme pour renforcer la gestion des ressources naturelles, humaines, productives et financières du pays.

1. Court terme (2025-2026) : Renforcer la gouvernance et la transparence

La BAD recommande de renforcer la gouvernance du secteur extractif, dès 2025, par une transparence accrue des contrats et des flux financiers, ce qui permettrait une meilleure valorisation des ressources naturelles et une redevabilité plus forte.

Elle plaide également pour un meilleur ciblage des subventions, à travers une approche technique rigoureuse, afin de réduire les dépenses sans fragiliser les populations vulnérables. Cette réforme budgétaire pourrait être engagée dès fin 2025.

Sur le plan de l’investissement, les plateformes numériques comme TTN, APII et TIA, bien qu’existantes, souffrent encore d’un manque d’interconnexion et d’ergonomie. Leur modernisation devrait être lancée en 2025, avec un focus sur les PME.

Dans le domaine de la santé, l’accès dans les zones défavorisées peut être amélioré via une cartographie numérique des besoins et une meilleure répartition des professionnels de santé, des actions envisageables dès 2026.

2. Moyen terme (2026-2028) : Structuration de projets et diversification du financement

Face à la difficulté d’accès aux marchés de capitaux, la BAD encourage la Tunisie à structurer davantage de projets rentables (ou « bancables »), à partir de 2026, en combinant financements publics, privés et concessionnels.

Des dispositifs comme la SOTUGAR (Société Tunisienne de Garantie) devraient être étendus pour faciliter l’accès au crédit des PME, notamment celles engagées dans des projets écologiques ou innovants.

La mise en place de bons d’investissement pour la diaspora tunisienne, visant à capter une part plus importante des transferts de fonds, pourrait voir le jour dès 2027.

La valorisation des actifs publics sous-utilisés, notamment fonciers, à travers des concessions encadrées, représenterait également une source supplémentaire de capital, à lancer progressivement à partir de 2026.

Par ailleurs, la BAD suggère de mettre en place un cadre institutionnel pour la création d’un fonds souverain vers 2027-2028, afin de stabiliser les revenus issus des ressources naturelles et financer des projets de développement à long terme.

3. Chaînes de valeur, formation et fiscalité (2026-2028)

L’intégration des PME tunisiennes dans les chaînes de valeur nationales et régionales doit être renforcée par des mécanismes de labellisation, garanties financières et accompagnement technique à partir de 2026.

En matière d’emploi et de compétences, les programmes de formation technique doivent être alignés, dès 2027, avec les besoins des secteurs porteurs, en partenariat avec le secteur privé.

Concernant la fiscalité, un élargissement de l’assiette fiscale est recommandé via une mise à jour du cadastre, l’automatisation des contrôles fiscaux et une stratégie de formalisation de l’économie informelle, avec un démarrage estimé entre 2026 et 2028.

4. Long terme (2028 et au-delà) : transition énergétique et réforme de l’État

Pour transformer durablement l’économie tunisienne, la BAD encourage le pays à investir massivement dans les énergies renouvelables dès 2028, notamment dans le solaire et l’hydrogène vert, qui représentent des opportunités stratégiques à fort potentiel de croissance.

Simultanément, la modernisation du système éducatif devra se poursuivre au-delà de 2028, avec un accent sur les disciplines STIM (Sciences, technologie, ingénierie, mathématiques) et l’orientation professionnelle.

Enfin, une réforme progressive de la masse salariale de la fonction publique et l’institutionnalisation de l’évaluation systématique des dépenses publiques sont indispensables pour améliorer la soutenabilité budgétaire et l’efficacité des politiques publiques sur le long terme