ER/Genre: Les forces féminines fédérées pour une meilleure contribution dans la transition énergétique dans le monde
Des femmes leaders et actrices de changements dans le domaine des énergies renouvelables (ER) et partenaires dans l’action climatique, ont assisté, jeudi, à Munich, à la première conférence « Women Energize Women ».
Une initiative du ministère fédéral de l’Économie et de l’Énergie (BMWi), mise en œuvre par l’agence allemande de la coopération internationale (GIZ) et la Fédération allemande des énergies renouvelables (BEE), cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un projet global du BMWi baptisée « Partenariats et dialogues énergétiques bilatéraux ».
L’objectif de ce conclave, auquel prend part une délégation tunisienne et aussi des délégations de la région MENA, est d’informer, mobiliser, inspirer et connecter les femmes du monde entier pour faire avancer la transition énergétique avec des stratégies axées sur la justice de genre et l’égalité des chances.
Selon les intervenants à cette conférence, la «perspective genre » dans le secteur des énergies renouvelables est jusqu’ici peu abordée et peu prise en considération bien que les femmes soient en première ligne de la bataille contre les changements climatiques partout dans le monde.
Les organisateurs ciblent la création d’une plate-forme internationale pour discuter de la transition énergétique mondiale avec une «perspective genre » et des expériences et expertises féminines dans un domaine, jusqu’à ce jour largement dominé par les hommes.
Selon les chiffres de l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA), les hommes représentent 78 % des employés dans le secteur de l’énergie conventionnelle et 68 % dans le domaine des énergies renouvelables.
Pour les initiateurs de « Women energize Women » (GIZ , Fédération allemande des énergies renouvelables (BEE) et l’Association solaire allemande (BSW-Solar), l’égalité des sexes dans le secteur de l’énergie est un facteur essentiel lorsqu’il s’agit d’utiliser le plein potentiel des sources d’énergie renouvelables et d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD).
Chacune de ces organisations promeut activement l’intégration de la dimension de genre et l’égalité des sexes dans son travail quotidien, a rappelé Birgit Schwenk, directrice générale de la politique climatique au ministère fédéral de l’Économie et de l’Action pour le climat (BMWK), qui a lancé l’initiative.
Intervenant dans le cadre du point de presse tenu juste avant l’ouverture de la conférence au Centre international de congrès ICM de la Messe de Munich avec la participation de femmes journalistes de plusieurs médias internationaux, elle a affirmé que «le rôle des femmes qui sont le moteur de la transformation du secteur de l’énergie au niveau national et international, a longtemps été minimisé. Étant donné qu’elles représentent la moitié de la population mondiale et de tous les consommateurs d’énergie ».
« Ignorer leurs besoins, leurs perspectives et leurs connaissances n’est plus une option. Nous ne pouvons pas nous permettre de négliger cet énorme potentiel de transformation du système énergétique mondial », a-t-elle ajouté. Et d’estimer « qu’il est nécessaire de supprimer les obstacles qui entravent les perspectives professionnelles des femmes et de faire entendre leur voix dans les forums internationaux respectifs ».
Pour Ingrid-Gabriela Hoven, membre du conseil d’administration de la GIZ, « la transition énergétique mondiale nécessite une plus grande implication des femmes ».
L’agence allemande s’engage à impliquer davantage de femmes, a-t-elle enchainé, «via, entre autres, les partenariats énergétiques bilatéraux et le soutien des femmes qui occupent des postes de direction dans le secteur des énergies renouvelables ».
La conférence de Munich s’inscrit dans cette optique et permet un réseautage pour inspirer les femmes, les motiver pour qu’elles s’entraident entre elles afin qu’elles puissent apporter leur expertise au secteur de l’énergie et faire avancer la transition énergétique espérée, souligne-t-elle.
Des partenariats énergétiques bilatéraux
La conférence de Munich sera aussi axée sur le réseautage destiné aux femmes appartenant à des économies en développement et émergentes avec lesquelles l’Allemagne a conclu des partenariats énergétiques. Il s’agit, notamment, de la Tunisie, de l’Algérie, du Brésil, du Chili, de la Chine, de l’Éthiopie, de l’Inde, de la Jordanie, du Mexique, du Maroc et de l’Afrique du Sud.
Les partenariats et les dialogues énergétiques avec plus de 20 pays partenaires sont un instrument clé de la politique étrangère énergétique du gouvernement fédéral, insistent les organisateurs. L’ultime objectif est de créer un réseau mondial en constante croissance qui relie l’Allemagne aux pays qui s’efforcent de transformer leurs systèmes énergétiques, a-t-on indiqué.
D’après la directrice exécutive du réseau universel des femmes pour la transition énergétique (GWNET)- Global Women’s Network for the energy transition, Christine Lins, le secteur des énergies renouvelables emploie seulement 32% de femmes, contre 22% pour les énergies fossiles.
« On est encore loin de la parité, si on sait aujourd’hui que 12 millions de personnes sont actives dans le secteur des ER dans le monde et que ce chiffre va augmenter, en 2050, à 40 millions de personnes », a expliqué Lins.
Dans une déclaration à TAP, elle a indiqué que le réseau œuvre, à travers des programmes de mentorat, à mettre en exergue les possibilités, les multiples opportunités et le potentiel d’évolution sur la voie de l’intégration des femmes dans le secteur des ER.
« Avec un peu d’encouragement, les femmes peuvent avancer dans leurs carrières et atteindre des niveaux supérieurs de responsabilité et de management », indique la responsable, appelant les entreprises et les employeurs à mettre en place des conditions flexibles et favorables qui permettent de trouver un équilibre entre l’emploi et les charges familiales et faciliter ainsi l’accès des femmes à des postes de management .
Les femmes minoritaires dans le secteur des ER : La Tunisie ne fait pas l’exception
En Tunisie, en dépit d’un cadre règlementaire et institutionnel favorisant l’égalité des chances Homme/Femme, des contraintes institutionnelles et sociétales limitent encore leur rôle dans les secteurs d’activités économiques, dont les ER.
Des disparités liées au genre aussi bien au niveau de l’accès à des emplois qu’au niveau de la faible présence féminine dans les postes de responsabilité, sont encore présentes, selon une enquête sur la femme et l’emploi dans le secteur de l’énergie (2019), menée en partenariat entre la GIZ et l’ANME (Agence Nationale de Maitrise de l’énergie) et une étude de mise à jour du diagnostic socioéconomique dans une perspective genre des localités ciblés par le projet « résilience côtière » Djerba et Ghar El Melh (2021).
Ces études font ressortir une faible présence féminine dans l’effectif global du secteur des ER et de l’efficacité énergétique (EE). Ainsi, sur un effectif total de 2919 personnes enquêtées, la proportion des femmes est de 28% (822). Sur les 822 femmes employées, 1% occupent un poste de direction, 27% sont des cadres et environ 72% sont dans les catégories maitrise et exécution.
Au sein des départements techniques, seulement 22% des femmes, contre 78% hommes occupent des postes techniques (production, pilotage de projet, développement, qualité, maintenance), soit une proportion inférieure à leur part dans l’effectif global. Il en est de même pour les fonctions commerciales, souligne la même source.
TAP
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