Angela Merkel a déclaré que le Brexit est un coup porté à l’Union européenne, David Cameron a démissionné et beaucoup de dirigeants européens ont annoncé qu’ils regrettent les résultats du scrutin. Tous ces indices permettent de cerner l’ampleur du séisme géopolitique et économique qu’a frappé le monde ces derniers jours.
En effet, le lendemain de l’annonce officielle de la sortie du Royaume-Uni de l’UE, les entreprises occidentales se sont précipitées pour annoncer leurs décisions de plier bagages et de délocaliser leurs activités en dehors du pays. La bourse de Londres et les autres bourses occidentales ont connu un vendredi noir. La livre sterling a fléchi de plus de 10% en une seule journée, ce qui l’a ramené à son plus bas cours depuis 1985 par rapport au dollar américain.
Selon les prévisions, les pertes enregistrées et potentielles s’estiment à des centaines de milliards de dollars. La banque Britannique HSBC, de sa part, a dévoilé qu’elle a transféré 1000 cadres de ses locaux londoniens vers ses locaux parisiens. Le pôle financier de Londres prévoit d’ailleurs la perte de 70 000 postes dans le secteur bancaire uniquement.
Néanmoins, les risques économiques ne semblent pas changer l’avis des britanniques puisque le facteur identitaire a primé sur tout. Selon des analyses sociologiques, le résultat a traduit les inquiétudes identitaires des britanniques qui craignent une montée d’immigration dans leur pays. Les britanniques pensent que la politique européenne dans ce domaine est très laxiste.
En Tunisie, le Brexit n’a suscité l’intérêt de personne. Nul responsable ne s’est présenté aux tunisiens pour mettre à nu les différents risques ou les diverses opportunités que pourrait causer la sortie du Royaume-Uni de l’UE et les stratégies qui ont auraient pu être entreprises afin de s’adapter aux conséquences du résultat du scrutin.
En revanche, l’impact économique sur la Tunisie serait quasi-insignifiant à moyen et à long terme puisque les échanges extérieurs avec la Grande Bretagne ne dépassent pas les 4% du bilan total du commerce extérieur de la Tunisie. S’ajoutant à la très faible exposition tunisienne aux chocs financiers internationaux, le constat se confirme !
Cependant, le Brexit pourrait alors ramener les exportations tunisiennes régies auparavant par les conventions bilatérales avec l’UE à des niveaux plus bas en raison des frais douaniers supplémentaires qui seront appliqués sur les produits tunisiens. La société Eurocycle en est la preuve. Le Brexit a causé la suspension de sa cotation sur le marché boursier tunisien car le marché britannique est la pièce maîtresse de l’activité de la société.
Pour récupérer les pertes engendrées par leur divorce de l’UE, les britanniques pourrait s’orienter vers les économies des pays émergents. Dans ce cas là, le Brexit formerait une belle opportunité à saisir pour une Tunisie asphyxiée par les crises et souffrant d’un rythme insuffisant d’IDE.
Sachant que la Grande-Bretagne va perdre 3% de son PIB environ, la Tunisie devrait capter les investissements britanniques. La place de Tunis devrait bénéficier de l’expertise britannique dans le domaine financier et œuvrer à rendre Tunis un pôle financier méditerranéen et africain.
SBK