Ouided Bouchamaoui : « la transition économique aboutissement de la transition politique »

    Evoquant la situation postrévolutionnaire en Tunisie devant les assises des 6ème Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence, Mme Ouided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, a souligné ce vendredi 1er juillet 2016, que le pays mène une lutte sur plusieurs fronts depuis six longues années. Aussi bien sur le plan social et économique qu’au niveau de la lutte contre le terroriste tout en essayant d’instaurer un système démocratique.

    Début 2013, tensions sociales, détérioration de la situation économique, crise politique, assassinats politiques, étaient autant de risques de division et de dérives, a insisté la présidente de l’UTICA. Il fallait donc sauver le pays d’un désastre annoncé et, dans un sursaut de citoyenneté, de responsabilité et de patriotisme, l’UTICA, l’UGTT, l’Ordre des avocats et la Ligue tunisienne des Droits de l’Homme ont décidé d’agir ensemble dans ce qu’on avait alors appelé  «  la tentative de la dernière chance » qui a conduit à la genèse du Dialogue National, au processus qu’il a déclenché, à la méthode qu’il a adoptée, et enfin aux résultats qu’il a obtenus !

    Cette expérience inédite n’aura en effet pas eu le succès que le monde lui a reconnu par l’attribution du Prix Nobel de la Paix sans la cohérence du discours des quatre parrains du dialogue national, et précisément de la vision commune de l’UTICA et de l’UGTT quant à la gravité de la situation et à la seule et unique issue du dialogue pour dépasser les clivages et les tiraillements politiques.

    Mais cette réussite de la transition politique, si confirmée-elle, n’aura d’impact sur le quotidien des Tunisiens, qu’avec l’aboutissement d’une autre transition, non moins importante : la transition économique.

    Les priorités économiques d’un gouvernement d’union nationale 

    Les gouvernements successifs n’ont malheureusement pas eu le courage d’aller plus en profondeur dans le débat économique pour tomber finalement avec des bilans peu flatteurs notamment en matière d’investissements, de créations de richesses et d’emplois.

    Face à cette situation difficile, un gouvernement d’Union Nationale est d’ailleurs en cours de formation. Sa mission majeure serait de conduire et de réussir la transition économique et le premier chantier auquel il serait appelé à s’atteler est celui du processus des réformes économiques.

    Le développement régional serait le deuxième grand dossier dans cette échelle de priorités car les régions défavorisées de l’intérieur du pays sont en droit d’exiger un traitement spécifique.

    Le gouvernement se doit d’initier et d’activer des programmes en leur direction en matière de développement des infrastructures, de rapprochement des services publics, et d’amélioration de la qualité de vie des citoyens .C’est la seule alternative qui puisse stimuler les investissements locaux et étrangers.

    Aussi les jeunes qui sont le socle de la structure de la population tunisienne, et l’acteur essentiel de la révolution, s’attendent à un signal fort pour s’assurer sur leur avenir et rétablir leur confiance dans la classe politique.

    Mais, face aux limites d’employabilité dans les secteurs publics et privés, de nouvelles incitatives pour l’emploi des jeunes et particulièrement des diplômés de l’enseignement supérieur doivent être prises, seul un programme national de soutien à la création de TPE avec des facilités, des incitations et une proximité d’accompagnement peut aider à alléger le chômage.

    Pour lutter contre l’économie parallèle qui prend des dimensions inquiétantes, il est vital d’engager un programme d’inclusion économique pour stimuler et encourager l’intégration des acteurs informels dans les circuits organisés.

    La Tunisie est aujourd’hui à la croisée des chemins. Elle est au premier front pour combattre le terrorisme dans un environnement régional particulièrement contraignant. Elle est sous la pression permanente d’une jeunesse formée dans toutes les disciplines et exigeant la libération de son énergie dans un nouveau projet de société pour la Tunisie.

    Ce pays, la Tunisie, entretient encore des lueurs d’espoir pour que cette vague de liberté saluée par le monde entier il y a plus de cinq ans, ne tourne au cauchemar dans la région, et même au-delà.Ce pays, la Tunisie, lieu de brassage de civilisations et terre de rencontres de peuples de tout bord, a donné au monde ce qu’elle a, toute son histoire durant.

    Il s’attend à ce que le monde lui tende la main. Il en a terriblement besoin !!!, a conclu la présidente de l’UTICA.

    Source : UTICA