La Banque Centrale de Tunisie : 4200 dinars de dettes pour chaque tunisien .. où allons-nous ?
Comme chaque année, le rituel impose que la Banque Centrale de Tunisie (BCT) publie un rapport annuel dans lequel elle illustre un état des lieux de l’économie tunisienne. Dans cet article on va s’intéresser aux faits saillants que la BCT a indiqués dans son rapport qui a été remis au président de la République.
La croissance économique de la Tunisie s’est établie à 0.8% contre 2.3% en 2014. En effet, l’analyse sectorielle a montré que le secteur agricole a bénéficié de l’année exceptionnelle des exportations d’huiles d’olives (340 mille tonnes contre 70 mille l’année dernière) pour enregistrer en 2015 une progression de 9.2%. La part du secteur non marchand dans le PIB s’est élevée à 18% engendré par une croissance sectorielle de 2.8%.
Quant aux services marchands, les recettes touristiques ont été baissières de 33.4% à 2.4 milliards de dinars, soit le plus bas niveau enregistré depuis une décennie causant ainsi un fléchissement de 32% en termes de trafic aérien avec un nombre total de passagers de 7,3 millions de personnes.
Frappées par la hausse de l’activité des industries agroalimentaires (+5.3%) conjointe à une baisse de même taux des industries chimiques, les industries manufacturières ont accusé une stagnation par rapport à 2015. Par contre la baisse était de 4% pour les industries non manufacturières qui ont été plombées notamment par les mouvements sociaux sur le plan du secteur de l’énergie et des mines.
Cette croissance molle de 0.8% n’a pas permis de créer de la richesse ni d’absorber un chômage qui a stagné à un niveau élevé de 15.4% nonobstant un taux inexorable de 31.2% pour les diplômés de l’enseignement supérieur.
Une croissance pareille est considérée comme étant la principale entrave à l’investissement car elle contraint le pays à recourir à l’endettement pour couvrir les dépenses d’exploitation puisque les ressources fiscales de l’Etat deviennent insuffisantes en raison de la croissance timide.
Concernant l’inflation, malgré l’amélioration observée au dernier semestre de l’année 2015, le taux a été maitrisé à 4.9%.
S’agissant du taux de change, le dinar s’est apprécié en 2015 par rapport à l’euro de 3.5% contre une dépréciation de 13.4% par rapport au dollar. Par ailleurs, le déficit courant s’est légèrement amélioré pour passer de 9.1% du PIB en 2014 à 8.8% en 2015.
En termes de commerce extérieur, les exportations ont connu en 2015 une baisse de 2.8% contre une baisse plus importante au niveau des importations (5.7%). Ce qui a permis au déficit commercial de se rétrécir de 1.6 milliards de dinars pour se situer à 12 milliards de dinars. Par conséquent, le taux de couverture des importations par les exportations s’est amélioré de 2 points de pourcentage à 69,6% grâce à l’atténuation du déficit de la balance alimentaire qui est passé de -1.381 MDT à -91 MDT. En revanche, la balance énergétique affiché un déficit de 3,4 Milliards de Dinars.
Pour le reste, le déficit budgétaire a atteint 4,8% du PIB contre 5% une année auparavant, alors que le taux d’endettement public a poursuivi sa tendance haussière en augmentant substantiellement de trois points de pourcentage pour se situer à 53,9%. Il est à noter que les entrées nettes de capitaux extérieurs que la Tunisie a reçus en 2015 ont atteint 8 milliards de dinars, dont l’essentiel est constitué de mobilisations des ressources extérieures sous forme d’emprunts à MLT.
De ce fait, l’encours de la dette publique a atteint 46.107,5 MTD, soit environ 4.200 dinars par habitant.
En effet, le déficit budgétaire engendré par une activité économique atone, causant le fléchissement des recettes fiscales classiques, a provoqué un accroissement de l’endettement puisque les ressources d’emprunts mobilisées et budgétisées au cours de cet exercice se sont accrues de 6,5% pour atteindre 7.374,7 MDT ou 8,6% du PIB, dont un montant de 2.965 MDT destiné au remboursement du principal de la dette.
L’enveloppe d’emprunts mobilisée en 2015 est constituée de 32.3 % d’emprunts domestiques et de 67,7% d’emprunts extérieurs.
En termes courants, l’épargne nationale a enregistré une baisse de 10,1% en 2015 pour s’établir à 10.661 MDT.
Il est à préciser que les dépenses de compensation ont représenté 3.3% du PIB contre 13.5% du PIB pour la masse salariale dans la fonction publique.
SBK