Pays pétrolier et gazier par excellence, mais déchiré par la guerre, la Libye ne peut produire maintenant assez d’électricité pour moins de 7 millions d’habitants. Face aux séquelles de la guerre, la crise s’est aggravée. La consommation d’énergie, en général, et de l’électricité, en particulier, ont respectivement baissé de 9 et 7 %, à cause de la faible production des centrales. Cette situation oblige le pays à se tourner vers le renouvelable, en essayant d’exploiter l’énorme potentiel solaire dont il jouit. Mais en a-t-il les moyens ?
Pour parer au plus pressé, le gouvernement légitime (Tripoli) tente de faire revenir les compagnies internationales, dont notamment le géant italien ENI, présente dans ce pays depuis 1959, ainsi que Total Énergies qui vient de racheter les parts de la compagnie américaine Marathon Oïl dans le consortium Waha. Il y a aussi le Sud-coréen Daewoo qui, d’ailleurs, a conclu un contrat juteux de 790 millions de dollars, pour la construction de centrales électriques fonctionnant au gaz naturel, dans les régions de Mellitah et Misrata. Les Libyens ont même fait appel à la société algérienne Sonelgaz, laquelle a accepté d’approvisionner leur pays via le réseau tunisien.
Ainsi, la puissance électrique installée en Libye est estimée actuellement à 5 gigawatts (GW), soit une carence de 30 % par rapport au besoin national qui peut atteindre 7 à 8 GW en été et en hiver. D’après les spécialistes, le réseau électrique libyen a connu, entre 2010 et 2020, une perte d’environ 0,3 GW en raison du manque d’approvisionnement en gaz naturel utilisé par les 87 centrales réparties à travers ce vaste territoire. À cause de cette récession, seule une quarantaine étaient en encore en marche. À la mi-2022, d’autres centrales sises au nord de Benghazi et Zueitina ont été déclarés inopérantes. À cela s’ajoutaient les actes de sabotage et de pillage qui ciblaient les réseaux électriques. Profitant du chaos, des bandes volaient, et voleraient toujours, du cuivre et d’autres équipements.
Rattraper le retard
C’est à partir de là que le recours aux énergies renouvelables, le solaire en tête, s’imposait de fait. Pays en grande partie désertique, la Libye dispose de périodes d’ensoleillement considérées parmi les plus longues et les plus intenses au monde, dépassant 3 500 heures par an, avec une capacité de rayonnement évaluée à 2 500 kWh/m²/an. Or, pour l’exploitation de cette formidable énergie, les autorités découvrent à leurs dépens que la plupart des technologies telles que les systèmes solaires, utilisées jusque-là, étaient destinées à l’usage domestique et dans des espaces très réduits.
Comme programme, le gouvernement ambitionne de produire 22 % de son électricité à partir de sources renouvelables, d’ici 2030. Or, la Libye n’a à ce jour signé aucun engagement en faveur du climat dans le cadre de l’Accord de Paris. Ce programme vise à mettre en place au moins trois centrales solaires : la première, prévue à Beni-Walid, dans le Nord-Ouest du pays, est d’une puissance de 50 MWc et d’une superficie de 75 hectares.
La seconde sera installée à Tajoura, près de la capitale, Tripoli. Cette station est, selon les responsables en charge du dossier, susceptibles de réduire le déficit actuel de production d’électricité dans la capitale, estimé à 1 500 MWc.
Enfin, des travaux sont en cours pour construire une troisième centrale solaire photovoltaïque dans la région de Kufra, qui s’étend sur une superficie de 200 hectares pour une puissance de 100 MWc. Une course contre la montre est engagée pour être au rendez-vous.