Maroc : Blink Pharma accélère la numérisation des professionnels de la santé
En ces tout premiers jours de juin 2023, Marrakech accueille la première édition du GITEX Africa, le plus grand rendez-vous de l’innovation technologique et des start-up en Afrique. Dans les allées du salon, grand public et professionnels se pressent avec ferveur au-devant des 900 exposants, start-up, investisseurs et délégations du monde entier.
Sélectionnée par l’Agence de développement du digital, Blink Pharma compte parmi les jeunes entreprises les plus prometteuses du Royaume, présentes à cette occasion dans la « ville rouge ». Une chance unique de présenter sa solution digitale, conçue pour les professionnels de la santé. Première plateforme de ce genre au Maroc, elle met en relation les pharmaciens avec les grossistes et laboratoires afin de fluidifier leurs transactions. En donnant la possibilité aux pharmacies de passer directement leurs commandes via une plateforme d’échange de données, elle permet d’éviter ainsi les ruptures de stock ou les retards de livraison de médicaments en assurant une continuité de la chaîne logistique, dans le cadre de la loi n° 17-04 qui définit le circuit légal du médicament au Maroc.
Les deux fondateurs de Blink Pharma, Sami Ali et Adil Bertul, tous deux issus du milieu de la santé, ont bâti leur projet sur leur connaissance précise de l’environnement scientifique et réglementaire. Créée en 2020 à Casablanca, la start-up a développé, dans un premier temps, des applications mobiles gratuites, disponibles sur Android et iOS. Quelque 4.000 pharmacies -sur 10.000 environ dans le pays- se sont ainsi connectées à plus de 40 grossistes et une vingtaine de laboratoires. Le modèle économique de Blink Pharma repose sur les commissions reçues des laboratoires pour gérer leur programme de fidélité ainsi que sur la gestion des transactions.
Le lancement de la start-up en pleine période de Covid-19 aurait pu relever du défi impossible. Pourtant, le confinement a ouvert une fenêtre d’opportunité : « avec la pandémie, nous avons connu une accélération de la digitalisation de l’activité des pharmaciens qui aurait pris six ou sept ans de plus s’ils n’avaient pas été contraints de travailler à distance », explique Sami Ali, le président-directeur général de Blink Pharma, médecin de formation qui a travaillé pendant une vingtaine d’années dans l’industrie pharmaceutique dans différents pays.
La start-up appuie la numérisation du secteur par la mise au point d’un logiciel de gestion 4.0, qui gère l’activité mais aussi la performance et améliore les prévisions des pharmacies. La prochaine étape de son développement consiste à amener le plus grand nombre de pharmaciens à utiliser sa nouvelle plateforme, payante dans sa version premium.
En trois ans, la jeune pousse a bien grandi : de quatre employés en 2020, elle compte désormais 17 salariés, notamment pour asseoir son développement commercial. En mai 2022, Blink Pharma connaît un tournant en réalisant une première levée de fonds auprès d’Azur Innovation Fund, soutenu par la Banque africaine de développement. Ce fonds public-privé d’amorçage non seulement finance des start-ups innovantes au Maroc mais il fournit, en complément, des services de mentorat, de coaching, d’assistance technique et de monitoring.
« En plus de son apport en capitaux propres, Azur nous a très bien accompagnés sur le plan stratégique et technique et nous a permis d’échanger avec d’autres start-ups sur des problématiques similaires. Azur nous a bien sûr donné de la crédibilité vis-à-vis de nos clients et des banques traditionnelles. Quand on a le soutien d’un fonds comme Azur, on est fier de le dire ! », se réjouit Sami Ali.
Dans les prochaines années, Blink Pharma espère établir des ponts avec les organismes payeurs pour mieux servir les patients, dans le cadre de la couverture sociale qui se généralise au Royaume du Maroc. Sa technologie, qui a la capacité de vérifier la véracité d’une transaction, peut lui permettre de sécuriser le tiers payant. Une fois sa présence consolidée au Maroc, la start-up compte se lancer à l’international, en commençant par une quinzaine de pays en Afrique, dont le Nigeria et le Sénégal.