La Tunisie est parmi les pays qui connaissent une croissance rapide de leurs économies informelles. En 2013, l’économie informelle de la Tunisie représentait plus que 38% du produit intérieur brut du pays (PIB), contre 30% en 2010.
La dernière étude de la Banque mondiale montre que l’économie informelle résulte d’une perte annuelle de 1,2 milliards de dinars au budget tunisien, qui représente 7 % des recettes fiscales du gouvernement. Ce secteur impacte les dépenses publiques en termes d’investissements et entrave la réalisation des droits sociaux et économiques recherchés dans toute société. L’économie informelle entraîne aussi des pertes financières considérables pour les caisses de sécurité sociale qui sont maintenant confrontés à des déficits structurels qui doivent être couverts par la communauté nationale travaillant principalement dans les secteurs structurés et formels.
Une nouvelle étude menée par l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et le Centre de solidarité, a examiné les facteurs qui alimentent l’expansion de l’économie informelle de la Tunisie et propose des recommandations pour aider les travailleurs dans le secteur informel à assurer leurs emplois et à avoir la protection sociale.
L’étude intitulée « L’état actuel de l’économie informelle en Tunisie vue par ses parties prenantes: Faits et Alternatives », intègre les données d’une enquête de terrain de 1128 travailleurs de l’économie informelle menée par 100 jeune travailleur bénévoles de l’UGTT. L’étude, qui synthétise également des informations à partir des données disponibles, offre une vision sur un phénomène mondial en pleine croissance dont le travail est de plus en plus externalisé, en sous-traitance, travail temporaire et à temps partiel, laissant les travailleurs sans avantages ou protections sociales.
L’étude souligne clairement le lien étroit entre l’économie informelle et les activités de contrebande, ce qui en fait une question encore plus urgente. Elle défend que ce secteur suscite une action immédiate de la part des organisations gouvernementales et non gouvernementales afin de lutter contre la contrebande et de réduire les menaces et les risques créés par l’économie informelle.
Parmi les conclusions reportées par l’étude:
- Les travailleurs del’économie informelle enTunisien’ont pasdes conditions de travailadéquatestels que la protectionsociale, l’assurancesanté, la sécuritéprofessionnelle et les droitssyndicauxet la liberté.
- Les jeunes travailleurssont particulièrement vulnérables. Parce qu’ilssont concentrésprincipalement dansle secteur du tourisme, leurssalairessont faiblesetils ont peu destabilité de leurs postes.
- La croissance rapidede l’économie informellea entraîné uneperte fiscalede 7% par anau budget nationaltunisien, impactant fortementles dépenses publiquesetbloquel’expansion des droitséconomiques et sociauxdes travailleurs.
L’UGTT, conscient du fait que l’économie informelle ne contribue pas à la base budgétaire de la nation et n’offre aucune protection sociale des travailleurs, considère qu’il est un défi important que ce secteur soit traité de façon à assurer une reprise économique national e et des conditions de travail convenables ainsi qu’une justice sociale pour tous les travailleurs.