Le secteur Immobilier en Tunisie: vers la rationalisation d'un secteur clé
Le secteur immobilier occupe une place prépondérante dans l’économie, il est particulièrement corrélé à une multitude de facteurs économiques, politiques, sociaux et même culturels. C’est un marché à la fois réel et spéculatif que les experts considèrent comme étant l’un des baromètres de la réalité macroéconomique de tout un pays. L’Immobilier contribue à 9% du produit intérieur brut du pays, assure 400 mille postes d’emploi, et soutient un effet de levier sur diverses activités.
L’évolution des indicateurs du secteur est souvent admise par les experts avec beaucoup de précaution. La filière pourra probablement connaître le même sort de crises à l’instar de plusieurs pays qui ont vécu des crises immobilières très sévères. A cet effet, L’État devrait avoir un rôle de régulateur et de superviseur pour amortir les chocs des bulles spéculatives qui affectent le secteur. Les statistiques de l’Institut National des Statistiques montrent que le prix de l’immobilier a enregistré une augmentation annuelle moyenne de plus de 5 à 7 % durant les 15 dernières années, ce qui montre que la situation du secteur immobilier n’est pas encore alarmante.
La régulation des prix selon la nature du logement qui peut être classé en logement social, logement économique et logement de luxe semble être une nécessité aujourd’hui. La dernière catégorie aura uniquement des prix libres qui répondent aux enjeux normaux de l’offre et la demande. Du point de vue du consommateur, la classe moyenne n’est pas bien servie : L’offre du moyen standing est insuffisante vu que les autres segments (logement social et haut standing) sont beaucoup plus rentables et offrent aux promoteurs immobiliers une marge bénéficiaire plus attractive. Malgré leur importance en terme d’effectif, les clients potentiels issus de la classe moyenne sont obligés soit d’acquérir un petit logement qui ne répond pas à leurs attentes soit de chercher à financer un logement relativement luxueux qui dépasse leur pouvoir d’achat !
Selon le dernier recensement de l’INS (2014), le secteur exprime un excédent de 1 119 522 logements. Ce qui nous met dans une situation où l’offre dépasse la demande donc une situation qui favorise la baisse des prix. Surtout qu’il y a plus de 500 000 logements vides. Cela s’explique essentiellement par la concentration de la demande des logements dans des zones bien précises, voir même dans des quartiers bien précis.
Ce diagnostic nous mène vers la déduction que le redressement du secteur immobilier tunisien nécessite tout d’abord une volonté politique de la part de l’Etat pour concevoir une stratégie qui constituera le socle d’un environnement favorable pour toutes les parties prenantes. Il passe ensuite par un changement de perception de la part des autres acteurs, notamment les prometteurs et les banquiers, dans le but de faire converger l’offre et la demande tout en adaptant les paramètres financiers et managériaux.