Les perspectives d’une plus grande intégration économique au Maghreb
Plus que 20 ans après la création de l’Union maghrébine, les pays membres n’ont pas su capitaliser des accords qui auraient pu servir les intérêts communs par manque de ciblage efficace et de volontés politiques généreuses. Cependant, l’Union du Maghreb arabe doit encore renforcer la coopération en matière de sécurité, le rapprochement diplomatique et le libre-échange pour une région unie par le patrimoine historique et culturel commun mais divisée par l’insuffisance de la volonté politique.
Trois questions clés pourraient pousser les pays de la région vers une plus grande intégration et une coopération régionale. Tout d’abord, l’approche de la sécurité, centrée sur la guerre contre le terrorisme. Ensuite, l’approche politique et historique, fondée sur la croyance en l’unité des peuples maghrébins (linguistique, religieuse et historique), et qui conduit à la notion d’un devoir moral d’unir le Maghreb. Enfin, l’approche économique fondée sur certaines complémentarités des marchés, une vision pragmatique d’une union économique pour attirer les investissements étrangers et une volonté de mieux se positionner dans les négociations internationales et régionales. Ces trois dimensions peuvent être combinées dans un modèle fonctionnaliste, dans lequel le succès dans l’une de ces dimensions affecterait positivement les autres.
L’approche économique, basée sur le modèle européen, donne plus d’espoir aux défenseurs de l’Union du Maghreb. Malgré les problèmes politiques qui entravent l’intégration régionale, le pragmatisme des élites économiques peut fournir une issue à travers «la politique de la confiance» ou «la politique des petits pas». Au Maroc, un certain nombre de voix appellent publiquement à l’intégration économique régionale. Les responsables et les entrepreneurs tunisiens font régulièrement campagne pour la création d’un marché du Maghreb plus global. C’est également le cas en Algérie, où les entrepreneurs et les experts voient la nécessité de doter la région d’un espace économique commun plus important.
Les pays du Maghreb affichent le pourcentage de commerce intra régional le plus faible (de l’ordre de 3 à 5% de leur commerce total). L’intégration économique dans l’union maghrébine augmenterait le niveau des échanges intra régionaux avec les principaux partenaires en Europe et dans d’autres pays émergents.
Au nord de la Méditerranée, l’Union européenne (UE) existe déjà. L’intégration économique des pays du Maghreb dépend de leur relation avec l’UE dans les négociations. Dans le cadre de sa politique de voisinage (PEV), l’UE propose à ces pays différents types de partenariats, tels qu’un «partenariat avancé» et la perspective d’une zone de libre-échange dans la région méditerranéenne. Ces développements politiques n’invoquent naturellement que le Maroc Et la Tunisie à négocier avec l’UE. Toutefois, la création d’un marché commun au Maghreb pourrait, dans une certaine mesure, renforcer l’influence de ces pays sur les questions liées à la Méditerranée.
Néanmoins, la mise en œuvre pratique du programme d’intégration a été lente, car la zone de libre-échange n’est pas encore opérationnelle entre les États membres de l’UMA pour différentes raisons. Plus récemment, les États membres ont conclu les négociations sur la zone de libre-échange mais n’ont pas encore finalisé les dispositions relatives aux règles d’origine. L’union a également créé des groupes de travail pour délibérer sur la façon d’harmoniser davantage les procédures douanières nationales, les réglementations commerciales ainsi que la normalisation des biens et services. Les États membres se sont mis d’accord sur un plan global visant à stimuler l’intégration économique en encourageant les investissements dans les infrastructures, en harmonisant les procédures douanières nationales et l’expansion des services logistiques et de transport transfrontaliers.