A la rescousse des tortues marines à Favignana: le plastique est le premier danger, seuls 60% des cas mis en péril sont sauvés
C’est dans un petit sous-sol du bâtiment communal de Favignana, une île de l’archipel italien d’Egadi, (au large de la Sicile) et juste en face du port, que le centre italien des premiers secours pour des tortues marines, espèce menacée par la pollution plastique des océans, a élu domicile depuis 2015.
Au sein de ce centre, créé moyennant un budget de 50 mille euros (environ 150 mille dinars), dans le cadre du projet de l’Aire marine protégée (AMP) d’Egadi, deux bassins dont l’eau se renouvelle d’une manière continue, sont installés pour que les tortues blessées ou malades puissent y résider avant d’être libérées, une fois guéries. L’établissement est également doté d’un coin pour l’auscultation et les soins (voir photos).
« Depuis son ouverture en septembre 2015, le centre a accueilli 42 tortues, mal-en-point, pour avoir avalé du plastique, particulièrement des sachets ou des hameçons et des cordes de filets de pêche », affirme Danielle Sammartano, diplômée en science naturelle et collaboratrice à ce centre.
« Une fois accueillie au centre, la tortue marine est examinée par un vétérinaire et des médicaments lui sont administrés pour l’aider à évacuer les déchets avalés, avec le recours parfois à des incisions locales pour la sauver », note cette jeune collaboratrice du projet AMP.
Les tortues sont ramenées au centre, souvent par des touristes et davantage par les yachtmen que par les pêcheurs, dit-elle. Environ 60% de ces tortues sont sauvées et retournent en mer, après leur guérison et 40% meurent en raison d’un sauvetage tardif. Leur mort est souvent provoquée par les déchets en plastique que les Méditerranéens ne cessent de jeter dans la mer.
Diann et Rita, deux chanceuses tortues de Favignana
Diann, compte parmi les tortues chanceuses qui ont pu être sauvées par le centre. Accueillie le 13 mai 2018, après avoir avalé des petits morceaux de plastique, elle a été traitée pour l’aider à évacuer les déchets ingurgités. Les soins ont duré 52 jours.
Avant de retrouver la mer, elle a été transférée comme toutes ses congénères, au musée de la pêche du thon de Favignana, où les visiteurs ont pu la regarder nager. Dans un des bassins d’eau de ce musée, a été également, transférée Rita, tortue de 25 ans, une autre rescapée de cette espèce qui joue un rôle important dans la limitation de la prolifération des méduses.
Elle a été ramenée au centre, le 21 mai 2018, par un pêcheur, après avoir avalé une palangre.
De son coté, libérée le 25 juin, sa congénère Diann s’est trouvée après seulement, trois jours de sa libération, à environ 53 km au sud de la Sicile. Elle a pu être localisée grâce à la petite antenne qu’elle porte désormais, sur le dos. « A partir de 2018, toutes les tortues rescapées sont dotées de ce petit appareil qui permet de les localiser par satellite, et partant de les suivre dans leurs péripéties en mer », précise Sammartano.
Le centre de premiers soins de Favignana fait partie du projet de l’Aire marine protégée d’Egadi , qui s’étend sur environ 60 mille hectares, la plus grande en Méditerranée, où un projet de gestion, de suivi et de contrôle du territoire est mené en associant les acteurs locaux à la protection du milieu marin, et en intégrant l’éducation environnementale et la promotion du développement durable.
Ce projet est mené notamment par le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) en collaboration avec d’autres acteurs et bailleurs de fonds telle que l’Union européenne, et ce dans 11 sites pilotes situés dans 6 pays européens (Croatie, Espagne, France, Grèce, Italie, Slovénie). Le projet concernerait, la prochaine étape, d’autres pays méditerranéens, dont la Tunisie.