« La dépréciation du dinar se poursuivra en 2018 et alimentera les tensions inflationnistes » (Aram Belhaj, Universitaire)

    Traduisant la crise monétaire que traverse le pays, le dinar tunisien poursuit sa chute face aux principales monnaies étrangères, perdant 20,38 % par rapport à l’euro et 5,44 par rapport au dollar entre le 4 janvier 2017 et le 4 janvier 2018, selon les derniers Indicateurs monétaires publiés par la Banque centrale de Tunisie.
    Commentant cette tendance baissière, l’universitaire et économiste, Aram Belhadj, a souligné que  » cette dépréciation va, visiblement, se poursuivre en 2018 et ce, en dépit de la reprise progressive de la croissance. Elle est prévisible pour au moins deux raisons : une raison interne liée à un déficit commercial énorme et une détérioration des réserves en devises et une raison externe liée à la nature des politiques monétaires de la Réserve fédérale des Etats-Unis (FED) (normalisation de la politique monétaire américaine à travers une augmentation progressive des taux d’intérêt) et de la Banque centrale européenne (BCE) (Fléchissement du « quantitative easing » se traduisant par une réduction des quantités de monnaie en circulation suite à la baisse des achats des bons de trésor) ». 
     » Ces deux politiques vont augmenter les taux d’intérêt aux USA et en Europe, et il y aura donc, une appréciation du dollar et de l’euro et par conséquent une dépréciation du Dinar, face à ces deux monnaies. Une telle dépréciation aura pour effets directs une montée de l’inflation et une détérioration du pouvoir d’achat du citoyen. Elle impactera aussi, les coûts de production des entreprises qui augmenteront leurs prix, ce qui alimentera les tensions inflationnistes « .
     » Malheureusement, l’effet de la dépréciation du dinar sur les exportations ne sera pas substantielle, tant que l’intégration dans la chaine de valeur mondiale, n’est pas importante et tant que les barrières logistiques et administratives freinent les exportations », a-t-il encore regretté. 
    Face à cette situation, Belhadj pense nécessaire de mettre en application les techniques de couverture contre le risque de change, afin de limiter les effets négatifs d’une dépréciation importante de change, de mettre en place des mesures strictes de limitation des importations ainsi qu’une véritable stratégie de développement et de valorisation des exportations outre la résolution du problème de l’économie informelle ».