L’économie algérienne est l’une des plus puissantes du continent africain. Grace à des ressources naturelles abondantes, l’Algérie a pu réaliser entre 1999 et 2010 un taux de croissance annuel dépassant 3% (exception faite pour l’année 2009).
La croissance a même atteint en 2003 la barre de 7.4%. Concernant la PIB par habitant, l’évolution était remarquable. Il a atteint 7300 USD après avoir réalisé 4700 USD en 1999.
Selon la Banque mondiale, en 2010, l’Algérie est classée 47e en termes de PIB (selon la Parité pouvoir d’achat) avec 233 milliards de dollars.
L’économie algérienne dispose plusieurs points forts, la dette publique représente 9% du PIB. Pour relativiser, la dette publique américaine frôle les 110% du PIB. La dette publique japonaise dépasse 250% du PIB et celle du voisin tunisien a franchi la barre de 60%.
Avec un tel niveau, l’Algérie a une marge de manœuvre très importante en termes d’endettement.
Cependant, on ne peut pas cacher la réalité de l’économie algérienne qui est actuellement au bout du gouffre. Les indicateurs économiques sont alarmants. La situation ne cesse de s’aggraver et les répercussions socio-économiques peuvent causer un dommage collatéral.
En effet, l’Algérie est un pays très riche par ses réserves de pétrole et de Gaz. Sa politique s’est basée sur un cloisonnement et un protectionnisme excessifs pour des raisons de sécurité suprême. Gouvernée par une armée forte et autocrate, l’économie du pays n’a pas pu décoller en raison d’une fermeture abondante qui était tolérée puisque tout allait à merveille.
Cependant, depuis mi-2014, les prix du pétrole ont commencé à chuter, ce qui a été à l’origine d’un préjudice énorme pour les équilibres économiques de l’Algérie. Au début de l’année 2017, le constat a été confirmé par un bilan sceptique de la Banque Mondiale (BM) qui a tracé un bilan noir quant à l’avenir de l’Algérie.
La BM a prévu un ralentissement de la croissance pour les trois prochaines années pour passer de 3,6% en 2016 à 2,9% en 2017 et 2,8% en 2018.
Pour illustrer l’ampleur de la crise qui atteint l’Algérie, les réserves de devises sont passées de 200 milliards de dollars en 2014, à moins de 100 milliards au cours de l’année 2017 (elles étaient de 114 milliards à fin 2016).
En 2015, l’Algérie a perdu 30 milliards de dollars de ses avoirs en devises (ce qui représente deux fois le budget de la Tunisie).
Selon les chiffres officiels, pour l’année 2016, l’Algérie a dépensé 46,727 milliards de dollars en importations et n’a exporté que 28,88 milliards de dollars, soit un déficit de la balance commerciale frôlant les 19 milliards de dollars.
Optant pour une politique d’austérité à travers la nouvelle loi de finance de l’année 2017, pour but de trouver une solution à la crise, le gouvernement a subi une forte réticence sociale qui risquerait de déstabiliser la sécurité du pays. Les algériens ont peur d’un printemps arabe.
Pour mieux comprendre l’ampleur du risque qu’affronte le pays, on doit rappeler que le secteur pétrolier représente plus de 95% des recettes extérieures du pays et 60% du budget de l’État.
La chute disproportionnée des prix du pétrole (passant de 140 dollars à 45 dollars) a amplement accablé les finances publiques de l’Algérie.
Par conséquent, les exportations d’hydrocarbures ont chuté de 36 % du PIB en 2011 à 19% du PIB en 2015. Tandis que les recettes ont reculé de 27,4 % du PIB à 14 % du PIB.
La crise a touché tout le monde et l’inflation a dépassé les 6% au cours de l’année 2016. Le gouvernement en place a décidé d’augmenter la TVA de 2%, ce qui a provoqué un vaste mouvement social. Ce mouvement a commencé par la ville de Bejaia pour toucher la Kabylie.
Pour calmer les esprits et éviter un désordre généralisé, il a fallu que le gouvernement algérien fasse une campagne médiatique pour informer les algériens que les subventions aux produits seront gardées en 2017.
L’économie algérienne se base sur la rente. En économie, on considère un tel modèle un pays ‘’naturel’’ qui maintient un certain équilibre forcé, contrairement aux économies à accès libre.
L’exemple algérien est très similaire au Venezuela qui passe par la pire crise de son histoire. Les mêmes erreurs produisent les mêmes effets.
Par rapport à ce pays latin, l’Algérie se porte bien. Mais jusqu’à quand ? Ce qui est certain, une stagnation ou une baisse du prix du pétrole serait fatale pour ce pays.
En novembre 2016, étranglée par la crise, Alger a obtenu auprès de la Banque africaine de développement (BAD) son premier crédit depuis le remboursement quasi intégral de sa dette extérieure. Le prêt de l’ordre de 900 millions d’euros devait être orienté pour absorber le déficit budgétaire. Selon les données, le déficit public aurait atteint 15 % du produit intérieur brut (PIB).
Il est à noter que l’Algérie a chuté de vingt places dans le classement de Transparency International sur l’indice de perception de la corruption dans le monde. Elle est passée de la 88e place en 2015 à la 108e en 2016 sur 176 pays.
SBK – Tunipages