Le nouveau chef du gouvernement, Youssef Chahed, a dévoilé lors de la plénière, consacrée au vote de confiance pour son nouveau cabinet, des chiffres alarmants. Même le plus sceptique des économistes n’a jamais imaginé une situation aussi grave.
A cet égard, l’expert en économie, Moez Joudi, a déclaré qu’il a été surpris par les statistiques communiquées par YC malgré son suivi régulier de l’économie tunisienne.
La dette publique de la Tunisie a atteint selon YC un niveau record et dangereux de 62% du Produit intérieur brut (PIB). C’est un palier qui n’a jamais été franchi auparavant laissant ainsi une très faible marge de manœuvre pour les prochains gouvernements. La Tunisie est tellement endettée qu’elle verrait le recours aux marchés financiers internationaux inaccessible.
Il s’agit d’une dette globale de 56 milliards de dinars, soit un creusement de 31 milliards depuis 2010. Sous le régime de la dictature, on était à 25 milliards de dinars seulement, ce qui représentait 41% du PIB du pays. Ce glissement de 21% en moins de six ans aurait pu servir à faire des mégaprojets qui auraient pu transformer la Tunisie en un pays moderne. Hélas, la grande part des dettes a été destinée à la consommation. Depuis 2011, les gouvernements qui ont succédé ont contribué à l’assainissement de l’économie et à une vaste destruction de la richesse.
Selon les confessions de YC, la fonction publique a intégré 120 000 fonctionnaires. C’est suicidaire pour un pays qui a du mal à retrouver une croissance soutenable.
Clairement, le taux de chômage élevé a été atténué par une ruse pareille puisque la fonction publique a été considérée comme étant la vache à lait des Gouvernements. Mais indiscutablement, les coûts étaient démesurés de telle sorte qu’ils ont freiné la capacité de l’Etat à faire des investissements profitables. En effet, ce mécanisme créateur de richesse a été négligé et donc il n’y a pas eu d’employabilité supplémentaire. La fonction publique n’était qu’une solution de facilité.
Par conséquent, ce qui a été attribué par une main a été repris par l’autre non sans de graves conséquences puisque la masse salariale des fonctionnaires de l’Etat est passée de 5 milliards de dinars en 2010 à plus de 13 milliards actuellement.
Le nouveau Chef du gouvernement a également parlé du déficit budgétaire pour l’année 2016 qui s’est élevé à 6.5 milliards de dinars contre des prévisions initiales de 3.9 milliards seulement. Ce creux nécessite une loi de finance complémentaire qui devrait proposer des mesures drastiques et douloureuses.
Il a aussi évoqué la situation des caisses sociales qui culminent un déficit de 1.648 millions de dinars et nécessitent une intervention urgente. Le déficit de la balance commerciale a été aussi au centre du discours de YC car la dévaluation de 20% en 5 ans du dinars tunisien par rapport à l’euro est due en grande partie au déséquilibre entre les importations et les exportations. Les biens tunisiens ne sont pas compétitifs à l’extérieur et le déficit ne cesse de se creuser puisqu’il frôle déjà les 13 milliards de dinars en 2016.
Ces données ont été exposées pour insinuer aux tunisiens que ce gouvernement se trouvera dans l’obligation d’engager une politique d’austérité. Youssef Chahed a dit clairement que si son gouvernement n’arrive pas à imposer son programme, l’austérité sera une fatalité. Il s’est adressé aux partis politiques, aux citoyens, à la société civile etc.