Tout a commencé en 2014, chanteuse débutante, mais elle a réussi en une dizaine de jours à attirer des milliers et des milliers de vues pour son titre « Li biladi ». Aujourd’hui, à 25 ans, la syrienne Faia Younan, se retrouve sur la prestigieuse scène de l’amphithéâtre romain de Carthage, rejoignant ainsi le cercle des grands qui s’y sont produits il y’a déjà 52 années. Faia Younan, un nom d’origine assyrienne comme elle l’a annoncé, a retrouvé, samedi soir, lors de son concert à la 53ème édition du festival international de Carthage, un public très nombreux, un public dont le coup de cœur pour l’artiste est incontestable, un public bien averti.
Avec sa musique, elle a donné aux mots des ailes, pour faire décoller ses fans sans tour de contrôle, sans réacteurs non plus mais pas sans réagir aux rêves et aux idéaux qu’elle chante : Patrie, liberté, terre, amour, résistance, enfance, paix, …
Faial Younan, une jeune voix de la Syrie, affaiblie par la guerre, a chanté un hymne à la liberté confisquée, à la patrie qui pleure, qui a peur mais qui garde l’espoir de l’Humanisme qui transparait avec des mots qui sonnent vrai comme dans « Mawtini » ou encore « Li fi Halab ». D’une voix douce et cristalline comme un duvet et avec des paroles tranchantes comme une lame, tout a été chanté, raconté et écrit par une seule langue : la musique.
Guidés par sa voix profonde et puissante, par des mots dépouillés et sincères, ses fans ont partagé en parfaite osmose, ses chansons qui pétillent la joie, l’espoir et la vie comme « La Takhaf » ou encore « Ouhibou yadayk », « binetna fi bahr »… et de ses titres dégageant l’amour qui garde le parfum oublié des bonheurs ordinaires comme dans « tazannar bi itri » et « Ya laytahou yaalam ».
D’un visage éclairé d’un doux sourire permanent, Faia Younan passe la rampe en gagnant dès le début de la soirée ce pari toujours fou d’un artiste face au public, en le suivant avec des yeux roulants comme des billes. Dans cette odyssée de ses propres mélodies mélancoliques teintées de cris de cœur et de mots de tendresse, Faia a bien fait la surprise pour toute la Tunisie en chantant le poète disparu Sghaier Ouled Ahmed dans une composition syrienne de « Ouhibbou el bilada kama la youhibbou el bilada ahad ». Avec des standing ovations, elle a, de sa voix vibrante, fait frémir, en rendant un hommage posthume à l’âme du poète rebelle, une âme qui sort de partout avec ses textes et mots de résistance pour un rêve éveillé comme dans « salamon ala man samad ».
Faia Younan a, pour ceux qui la connaissent encore assez peu, émerveillé, par un accent tunisien à la perfection, la foule conquise d’avance, lors d’un virage vers le répertoire tunisien en interprétant « Ritek maa naaref win » de Lotfi Bouchneq et « hobi yetbaddel yetjadded » de Hédi Jouini…avant de passer à des pas plus rythmiques du patrimoine syrien offrant l’occasion de la découvrir dans un univers musical où les harmonies s’envolent, se rencontrent et se croisent avec bonheur en ne laissant personne indifférent à la pureté de la musique. Et c’est parce que la musique a été la langue unique de la soirée, que le public l’a gracieusement suivi sans se faire prier…avant en clap de fin de l’enchanter avec son premier titre à succès « Li biladi », une chanson qui l’a lancé vers la gloire et « dont en reparlera certainement dans les années à venir », balance un fan.