La faible valorisation de la recherche scientifique en Tunisie pénalise le secteur des grandes cultures (UTAP)
le président de l’UTAP, Abdelmajid Ezzar annonce que la Tunisie est jusque-là incapable d’atteindre son autosuffisance en grandes cultures parce que ce secteur, malgré son importance stratégique dans la préservation de la sécurité alimentaire des Tunisiens, reste pénalisé par la faible valorisation de la recherche scientifique, l’absence de la vulgarisation agricole et la flambée des coûts à laquelle les agriculteurs sont confrontés.
En effet les agriculteurs spécialisés dans les grandes cultures vendent aujourd’hui à perte et nous sommes réellement face au risque d’abandon des grandes cultures dont les superficies ne cessent de régresser, a-t-il, aussi, mis en garde lors d’une conférence organisée, mardi, à Tunis, par l’Institut national des grandes cultures (INGC) sur le thème « Les nouvelles technologies dans le domaine des grandes cultures » .
Le président de l’organisation agricole considère le secteur agricole s’impose aujourd’hui comme un choix stratégique dans la préservation de la sécurité alimentaire et de l’économie nationale, appelant les autorités à ne pas le réduire à sa simple dimension commerciale.
L’UTAP appelle à boycotter les produits agricoles importés
Les Tunisiens ne sont aujourd’hui pas assez conscients de l’enjeu de la sécurité alimentaire parce que nous n’avons jusque-là manqué de rien, mais c’est un enjeu imminent auquel nous devons donner toute l’importance « , a-t-il soutenu.
En outre durant le mois de ramadan prochain, nous n’allons également manquer de rien, mais j’appelle les Tunisiens à ne pas consommer les produits importés, car l’importation est une arme de destruction de l’économie nationale .
Les cultures autres que grandes, nous n’avons plus de semences locales. Nous utilisons, chaque année, des semences importées et hybrides et cela menace davantage notre sécurité alimentaire. Pour les grandes cultures, d’énormes efforts sont nécessaires pour développer et multiplier nos semences vieilles de plus 40 ans, à travers la recherche scientifique. Ceci va nous permettre de gagner en efficacité et en productivité. Il faut aussi faire attention au fait que nos semences sont aujourd’hui véhiculées vers un pays voisin alors que nos agriculteurs n’en ont pas assez .
De son côté, le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Samir Taieb a souligné que le secteur des grandes cultures est le seul secteur agricole qui n’a pas atteint l’autosuffisance, bien qu’il soit capable de le faire en encourageant les agriculteurs à améliorer leur productivité qui reste faible même par rapport aux niveaux de productivité réalisés dans des pays similaires. Ceci ne peut se faire qu’en utilisant les nouvelles technologies et en mettant en pratique les résultats de la recherche scientifique. Il a aussi affirmé la disposition de son département à soutenir l’INGC et à favoriser la connexion entre la recherche scientifique et la profession à travers la généralisation de la vulgarisation agricole.
Dans une déclaration aux médias, Taieb a aussi indiqué que l’une des priorités du ministère consiste à encourager l’utilisation et le développement des semences nationales sélectionnées. Un effort particulier a été déployé cette année pour doter 8000 petits agriculteurs de 9 mille quintaux de semences sélectionnées. C’est une première expérience qui va être généralisée en concertation avec tous les intervenants.
Pour sa part, le président de l’Institut Oussama Kheriji, a déclaré que les nouvelles technologies sont aujourd’hui une nécessité face à la croissance de la demande sur les produits agricoles « , faisant remarquer que » le grand écart entre la demande nationale sur ces produits et la production nationale en la matière ne pourrait être réduit qu’en optimisant les méthodes de production à travers le recours aux nouvelles technologies ( logiciels, drones, robotique) et en favorisant la migration vers une agriculture intelligente et de précision. A ce titre, il a surtout mis l’accent sur la nécessité de renforcer la vulgarisation agricole pour sensibiliser les agriculteurs quant à cet enjeu » la Tunisie compte près de 250 mille agriculteurs dans le domaine des grandes cultures. Les 40 techniciens de l’Institut sont incapables à eux seuls d’assurer efficacement la tache de vulgarisation. L’Institut n’est qu’un maillon d’une chaine dont toutes les composantes doivent être suffisamment opérationnelles.