La taxation des riches ne nuit pas au développement et réduit les inégalités, selon Oxfam
L’écart entre les riches et les pauvres se creuse davantage dans le monde et une plus grande taxation des fortunes permet de le réduire, de sauver des vies et d’offrir une meilleure scolarisation aux plus démunis, c’est ce qui ressort du dernier rapport de l’ONG britannique Oxfam, qui lutte contre la pauvreté dans le monde.
« En Tunisie, les enfants âgés de trois et quatre ans, issus des familles les plus pauvres, ont 6 fois moins de chance que ceux des familles les plus riches de fréquenter des structures d’accueil préscolaire », selon le rapport, publié parallèlement, à la tenue, du 21 au 25 janvier, du Forum de Davos, conclave des riches.
« Une augmentation de seulement 0,5 % de l’impôt sur la fortune des 1% les plus riches permettrait de collecter plus d’argent que le budget nécessaire pour scolariser 262 millions d’enfants non scolarisés et pour proposer des soins de santé permettant de sauver la vie de 3,3 millions de personnes », constate encore le document d’Oxfam.
Le rapport, qui met en relief la montée des inégalités entre les riches et les pauvres dans le monde, estime que contrairement aux idées du néolibéralisme, la taxation des riches ne nuit pas au développement. L’organisation se réfère au FMI, qui a démontré la pertinence de faire contribuer davantage les entreprises et les particuliers les plus riches.
« L’argument avancé par les élites pour une diminution de la fiscalité est qu’un enrichissement des riches bénéficie à terme à l’ensemble de la société. « Or, cette théorie du ruissellement est de plus en plus remise en cause », lit-on dans le rapport.
» Face aux inégalités croissantes, même le FMI et le magazine The Economist, au Royaume -Uni, affirment qu’il y a une marge confortable pour taxer davantage les riches sans que cela ne nuise au développement économique et qu’une telle redistribution est nécessaire pour lutter contre les inégalités », précise-t-il.
Selon le rapport « la fortune des milliardaires dans le monde a augmenté de 900 milliards de dollars rien qu’en 2018, soit 2,5 milliards de dollars par jour. Sur la même période, la richesse de la moitié la plus pauvre de la population mondiale (soit 3,8 milliards de personnes) a chuté de 11 %.
L’organisation Oxfam appelle les Etats à définir des objectifs et des plans d’action concrets assortis de délais pour réduire les inégalités. Ces plans, appelés à être inscrits parmi les objectifs de développement durable définis par l’ONU (objectif 10), doivent inclure des actions dans les trois principaux domaines en l’occurrence la santé, l’éducation et d’autres services publics qui devraient être gratuits, universels et accessibles aux filles et aux femmes.
Le rapport appelle notamment, à cesser de soutenir la privatisation des services publics et critique la position de la Banque mondiale par rapport à cette question. Il exhorte les gouvernements à garantir à tous, l’accès aux retraites, aux allocations familiales et à d’autres formes de protection sociale.
Il appelle également à « décharger les femmes des millions d’heures de travail non rémunéré qu’elles consacrent chaque jour au soin de leur famille et de leur foyer » avec pour objectif de libérer du temps pour elles. Il s’agit d’investir dans des services publics qui réduisent le temps consacré à certaines de ces tâches, notamment l’eau, l’électricité et la garde d’enfants.
Oxfam recommande particulièrement, de mettre un terme à la réduction de l’imposition des entreprises et des individus fortunés, et de mettre fin à la fraude et l’évasion fiscale.