Le secteur du bâtiment et des travaux publics est l’un des secteurs moteurs de l’économie nationale vu son rôle dans la réalisation dynamique des projets d’infrastructures et de bâtiments avec tous les effets positifs dans le domaine de l’emploi.
Contribuant à hauteur de 7% au PIB et situé au 4ème rang de l’économie tunisienne, le secteur BTP réalise en moyenne un chiffre d’affaires de 5 milliards de dinars par an et contribue à 25% des investissements globaux du pays. Plus de 80% des ménages tunisiens sont propriétaires de leurs logements. Cette proportion était de 78,3% en 1994 et de 77,4% en 2004. L’accès à la propriété est différent selon les milieux : en milieu rural 93% des ménages sont propriétaires alors que moins de75% le sont en milieu urbain où plus du cinquième des ménages sont locataires du logement qu’ils occupent.
Le secteur du bâtiment en Tunisie traverse actuellement une époque charnière. Sur le plan purement technique, les innovations récentes en matière de matériaux et de procédés constructifs semblent suivre le long chemin des innovations incrémentales qui a toujours caractérisé et fait évoluer le secteur.
Face au succès incontestable des modèles « low cost » dans de nombreux secteurs de l’industrie, certains professionnels relancent le débat sur l’industrialisation du bâtiment. La standardisation des procédés constructifs, pourvoyeuse d’économies d’échelle, permettra-t-elle de construire durablement moins cher, ou à tout le moins de modérer la hausse des coûts de construction ? Quels sont les modèles organisationnels et techniques capables de porter une telle démarche à l’avenir ?
La solution est la recherche de véritables alternatives à la construction traditionnelle, capables de produire moins cher. Plusieurs innovations promettent généralement entre 20 et 30 % d’économie au mètre carré par rapport aux systèmes traditionnels. Un suivi de ces annonces sur longue période montre que, pour de nombreuses raisons, ces promesses ne sont jamais tenues, à supposer que lesdits systèmes débouchent sur un projet concret où les coûts réels puissent être estimés.
Particulièrement, le secteur du bâtiment en Tunisie, souffre du manque d’évolution et d’innovation. Les acteurs dans le processus de conception et de production travaillent toujours de façon artisanale et n’ont pas le goût du risque et une volonté claire de faire changer les choses.
Dominé par l’importation, le secteur de l’industrie des matériaux de construction est limité. Face aux enjeux énergétiques et aux potentiels liées aux technologies, les marges de progrès dans le domaine de la construction, requièrent des conditions de mutualisation et de synergie entre les différents acteurs ( les prescripteurs, les promoteurs, les entreprises, les chercheurs, les financiers, la formation…).
L’évolution du secteur repose sur des facteurs multiples (conjoncture, comportements des acteurs économiques privés et publics, prix des matériaux, taux d’intérêt, pouvoir d’achat des ménages, évolution démographique, etc.), qui échappent largement aux décisions des entreprises de la Construction elles-mêmes.
Ainsi, pour le Bâtiment, les principales incertitudes sont relatives au degré d’industrialisation de la filière ou encore aux politiques publiques incitatives en matière de logement, mais ce ne sont pas les seules interrogations. Il faut également mesurer l’impact à la fois au plan quantitatif (combien de logements) et qualitatif (quel type de logement) des évolutions de nature sociologique ou démographique qui risquent d’impacter l’activité de la construction de logements neufs et/ou celle de l’amélioration et l’entretien : double lieux d’habitation des retraités, familles monoparentales, rapprochement lieu de travail / lieu d’habitation, stratégies patrimoniales de placements (dans la pierre, valeurs mobilières, or, etc.).
Pour les Travaux Publics, ce sont ici les enjeux relatifs à la vie publique et politique qui sont fondamentaux, comme la problématique du cycle électoral et du cycle de l’investissement ou encore celle des conditions de la privatisation des entreprises publiques.