Les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique prêts à montrer le véritable potentiel de leurs secteurs de la pêche et de l’aquaculture (ONU)
Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies, un programme de développement des pêches et de l’aquaculture a été mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et a permis de mettre en évidence un potentiel important pour stimuler ces secteurs en Côte d’Ivoire, au Sénégal, en Tanzanie, au Guyana et dans les Iles Marshall, les rendant plus autosuffisants, créant des emplois et préservant les niveaux des stocks biologiques.
Ces pays sont les cinq premiers des 12 Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique analysés par le programme mondial de développement de la chaîne de valeur du poisson, FISH4ACP.
Mise en œuvre par la FAO, cette initiative de l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OACPS) vise à rendre les chaînes de valeur de la pêche et de l’aquaculture plus productives et durables, en mettant l’accent sur le soutien aux femmes, compte tenu de leur rôle crucial dans les chaînes de valeur du poisson, c’est-à-dire dans l’ensemble du processus de valorisation du produit.
« Cette initiative marque une étape importante vers une transformation bleue de la pêche et de l’aquaculture en Afrique, dans les Caraïbes et dans le Pacifique (ACP), qui bénéficie non seulement aux pêcheurs et à leurs communautés, mais garantit aussi que la croissance va de pair avec la durabilité environnementale et l’inclusion sociale », a indiqué Gilles Van De Walle, Conseiller technique en chef, FISH4ACP, de la FAO.
Pour Cristelle Pratt, Secrétaire générale adjointe de l’OACPS, il est urgent de stimuler les secteurs de la pêche et de l’aquaculture car « ils contribuent grandement à la croissance économique, à la création d’emplois décents et à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ».
Financement de l’Union européenne et de l’Allemagne
FISH4ACP est mis en œuvre grâce à un financement de 47 millions d’euros de l’Union européenne et du ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BmZ).
Ce programme met l’accent sur les trois aspects de la durabilité – économique, environnemental et social. « Il sera en mesure de trouver un équilibre entre la production et la protection, de contribuer à une distribution équitable des revenus et à des conditions de travail décentes, et de défendre la pêche et l’aquaculture durables en Afrique, dans les Caraïbes et dans le Pacifique », a déclaré Leonard Mizzi, chef d’unité de la direction générale des partenariats internationaux de l’Union européenne.
Hendrik Denker, chef adjoint de la division BmZ pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la politique alimentaire mondiale et la pêche a quant à lui indiqué que l’approche innovante de FISH4ACP « augmentera l’approvisionnement en aliments aquatiques, les rendements économiques et l’équité sociale, et réduira les impacts négatifs sur l’environnement marin ».
Les cinq premiers rapports fournissent une base de référence pour aider les pays à renforcer leurs chaînes de valeur du poisson, à accroître leur autosuffisance en matière de production de poisson, à créer des emplois locaux et à maintenir des niveaux de stocks durables.
Conclusions de ces rapports :
L’analyse de la chaîne de valeur de FISH4ACP est basée sur 5 200 personnes interrogées, avec plus de 100 groupes de discussion et 50 ateliers de parties prenantes organisés pour valider les résultats. Les cinq rapports d’évaluation de la chaîne de valeur publiés (Côte d’Ivoire, Guyane, Iles Marshall, Sénégal, Tanzanie) ont permis de tester sur le terrain la méthode d’analyse de la chaîne de valeur de la FAO qui sera publiée dans les mois à venir.
Ainsi, la Côte d’Ivoire pourrait devenir autosuffisante en matière de production de poisson grâce à une stratégie décennale visant à faire passer la production de tilapia de 6 000 à 8 300 tonnes par an à 68 000 tonnes d’ici à 2031, sans charge supplémentaire pour l’environnement. Cela permettrait de répondre à l’ensemble de la demande nationale, grâce à une chaîne de valeur plus structurée, locale et durable qui créera des emplois, respectera les bonnes pratiques environnementales et augmentera la résilience.
La Guyane, quant à elle, s’est attaquée au déclin des captures d’une variété de crevettes, connues sous le nom de « seabob », tout en promouvant la pêche artisanale, et en renforçant en particulier la position des femmes. La forte demande des marchés américains et européens pour des crevettes de haute valeur peut représenter une sérieuse opportunité si les problèmes biologiques des stocks peuvent être résolus et si des crevettes plus grosses peuvent être capturées ; tout comme la forte demande intérieure pour des crevettes fraîches qui peuvent être vendues aux restaurants et aux supermarchés.
En modernisant la chaîne de valeur du thon, les Îles Marshall pourront consolider leur position comme plaque tournante de ce poisson, ce qui générera en dix ans une valeur ajoutée directe estimée à 55 millions de dollars grâce à la pêche au thon à la senne coulissante, tout en veillant à ce que 30 % des captures de thon soient conteneurisées.
De plus, cette stratégie permettra de créer plus de 1 000 emplois, et le recours croissant aux énergies renouvelables par les principaux acteurs du secteur thonier marshallais réduira l’empreinte écologique de ce secteur.
Au Sénégal, l’étude a révélé que l’augmentation de la production d’huîtres et du nombre de fermes ostréicoles apportait un fort potentiel pour répondre à la demande locale et soutenir le développement de l’ostréiculture moderne. D’ici 2031, le pays vise à accroître la production nationale de 30% à 21 000 tonnes pour couvrir plus de 80% de la demande nationale. En outre, il est prévu de tripler la valeur ajoutée pour atteindre 12,6 millions de dollars et de faire passer le nombre d’emplois à temps plein de 6 500 à 11 000.
La Tanzanie est le premier producteur de sardine, de sprat et de perche du lac Tanganyika. Afin de tirer parti de l’augmentation de la demande des consommateurs et des opportunités de marché en Tanzanie, l’amélioration des processus de manutention et de transformation du poisson, l’accès à des marchés à forte valeur ajoutée et la réduction des écarts de genre sont des éléments déterminants pour consolider ces pêcheries.
L’utilisation de meilleures techniques de transformation et de chaîne du froid, de modèles commerciaux améliorés avec une plus grande participation des femmes et un meilleur respect de la législation sur la pêche peuvent contribuer à augmenter la valeur ajoutée dans le secteur de 12% et à accroître les revenus des transformateurs de poisson de 42 % en moyenne.
Le travail de la FAO dans le domaine de la pêche et de l’aquaculture promeut la gestion efficace des ressources aquatiques vivantes et le développement des capacités pour garantir des résultats équitables pour tous. Il est axé sur une transformation bleue, une vision qui vise à renforcer la durabilité et la résilience.
Source : UN Nesw