Les perspectives de l’industrie du ciment en Tunisie
En Tunisie, l’industrie du ciment date de plusieurs années et est agrémentée par six usines de ciment gris et une usine de ciment blanc. La première usine « Les Ciments Artificiels Tunisiens » a été créée en 1936 dans la Banlieue Sud de la capitale.
L’industrie du ciment bénéficie d’une répartition géographique et surtout régionale des cimenteries très avantageuses, leurs permettant une proximité des sites de gisements de matières premières mais aussi de la demande qu’elle soit sur le marché local ou à l’export.
A partir de 1998, le secteur cimentier est entré dans une phase de restructuration à travers la privatisation des entreprises le composant et ce, dans le cadre de la libéralisation du marché et conformément à la politique de désengagement de l’Etat des activités concurrentielles.
A cet effet, cinq des sept usines de ciment ont été cédées, durant la période 1998-2005, à des groupes privés internationaux de nationalités italienne, espagnole et portugaise.
Ces dernières années, les producteurs de ciment se sont orientés vers l’amélioration de la performance de l’outil industriel nécessaire à la fabrication du ciment. C’est ce qui a mené la majorité des cimenteries à investir dans de nouveaux équipements de haute technologie.
Les principales contraintes du secteur cimentier tunisien sont la maîtrise de l’énergie et la protection de l’environnement.
L’industrie cimentière en Tunisie souffre de la lourdeur des coûts de consommation d’énergie. Rappelons ainsi qu’en janvier 2008 et dans le cadre d’un plan triennal pour la réduction à hauteur de 20% de la consommation d’énergie en Tunisie, il a été décidé de soumettre la réalisation des projets dont la consommation d’énergie dépasse 7 mille TEP par an à une autorisation préalable. Cette décision concerne notamment les industries du secteur des IMCCV (Industrie des matériaux de construction, de céramiques et de verreries).
C’est dans ce cadre que les autorités compétentes ont incité les cimenteries tunisiennes à l’utilisation de combustibles. Ceci a encouragé certaines usines à installer des ateliers de broyage de coke de pétrole.
Actuellement en Tunisie, quatre usines fonctionnent au coke de pétrole à l’instar de S.C.G, C.J.O, S.C.E et S.C.B récemment et les trois restantes (C.A.T, C.I.O.K et S.O.T.A.C.I.B) fonctionnent au gaz naturel.
Cette année a été aussi marquée par l’inauguration de l’usine Carthage Cement à Jebel Ressas, au mois d’octobre dernier. Cette unité devrait permettre la production de 2,5 millions de tonnes de ciment par an dans une première phase, avec la possibilité de passer à 5 millions de tonnes par an ultérieurement.
Compte tenu des nuisances de l’industrie du ciment sur l’environnement, les cimenteries du secteur ont tenu à la réalisation, en partenariat avec les institutions et organismes spécialisés, d’études nécessaires et à la mise en œuvre des moyens permettant la maîtrise de la pollution et ce, à travers l’intégration des projets de mise à niveau des installations de dépoussiérages et de l’acquisition de nouveaux équipements adaptés à la réduction de la pollution.
Bénéficiant des plus fortes capacités de production dans le secteur, « la cimenterie d’Enfidha » et « la cimenterie de Jbel Oust » ont toujours couvert les plus grosses parts dans la production nationale de ciment. Elles ont ainsi atteint, en 2009, des parts de marché respectives de 25,14% et 20,30%. Notons à ce sujet, que toute augmentation de la capacité de production d’une cimenterie doit être soumise à une autorisation préalable du gouvernement.
Grâce à une évolution du secteur de l’immobilier, sur ces dix dernières années, la consommation nationale de ciment n’a pas cessé de croître. Elle a ainsi atteint en 2009, 6,25 millions de tonnes contre 5,13 millions de tonnes en 2003, soit un taux de croissance annuel moyen de 3,35%. Cette demande croissante demeure tout de même totalement couverte par la production, qui a progressé sur la même période à un rythme plus rapide, soit de 3,67%. La plus grosse part de la consommation nationale est essentiellement concentrée dans la région du Grand Tunis, représentant 27% du total de la consommation nationale en 2008, et en deuxième position à Sfax à hauteur de 11%.
Sur la période 2003-2009, l’exportation de ciment a enregistré une évolution moyenne de 4,9% par an. Cette belle tendance a été essentiellement catalysée par l’emplacement géographique de la Tunisie, mais aussi par l’attractivité des prix de vente du ciment tunisien, qui sont jugés assez bas par rapport aux prix du ciment local des clients étrangers.
Il est à préciser que dans l’objectif d’assurer la priorité à la satisfaction de la demande locale, l’Etat soumet des quotas pour les ventes à l’export.
D’autre coté, la contrebande s’est accentuée ces dernières année et a touché particulièrement ce produit a en amenant sur le marché tunisien une grande quantité de rond à béton qui ne répondent pas aux normes et qui est commercialisé à bas prix. Cela pose aussi un problème pour l’économie du pays car les fabricants locaux de ce produit ont vu leur vente baisser de 40%
Par conséquent, il est impératif de combattre ce phénomène par tous les moyens, principalement en informant et en sensibilisant les consommateurs et les commerçants qui doivent éviter ces produits dangereux même s’ils coutent moins cher.
Quelques commerçants concernés ont aussi évoqués les difficultés et les charges qu’ils subissent lors de l’acquisition du ronds à bétons auprès des fabriquant locaux, alors que les produits de contrebande n’occasionnent aucune charge supplémentaire, ce qui encourage certains à les commercialiser. En plus le consommateur préfère ces produits qui sont proposés à des prix moins chers.
Le développement su secteur nécessite certaines recommandations:
Libéraliser progressivement le secteur et veiller à approvisionner le marché local.
Renforcer les mesures tendant à maîtriser la consommation d’énergie et à utiliser les énergies alternatives pour la production du ciment et de la chaux artificiels.
Veiller à appliquer les procédures et les mesures en vigueur en cas d’octroi d’autorisations pour investir dans le secteur.
Nécessité d’activer toutes les mesures en matière de lutte contre la contrebande du ciment, afin de garantir l’approvisionnement régulier du marché local et de lutter contre la hausse des prix.