M. Raouf Ghorbel (président de l’OECT): « La situation économique est très difficile même avec les réformes engagées »
La situation économique est très difficile et tous les indicateurs sont alarmants même avec les réformes engagées, dont celles sur l’investissement et le nouveau partenariat public privé (PPP) ainsi que les nouveaux avantages fiscaux octroyés aux investisseurs, a déclaré le président du Conseil National de l’Ordre des Experts Comptables de Tunisie (OECT), Raouf Ghorbel.
Toutefois, la Tunisie est capable de surmonter ces difficultés grâce a davantage de volonté, d’enthousiasme et de travail, a-t-il ajouté, dans une déclaration à l’agence TAP, en marge d’un colloque sur le thème « Réforme du cadre législatif de l’investissement en Tunisie », tenu jeudi, à Tunis.
Ghorbal a souligné que la nouvelle loi sur l’investissement entrée en vigueur, le 1er avril, a accordé maints avantages et plusieurs mesures ont été adoptées afin de booster les investissements et d’améliorer le climat des affaires, dont la suppression de l’agrément pour certaines activités et la fixation des délais de réponse de l’administration.
Le cadre juridique est incitatif et peut toujours être mélioré mais les textes législatifs actuels ne permettent pas le rédémarrage du rythme des investissements, a-t-il avancé.
Au sujet des entreprises publiques, Ghorbel a mis l’accent sur la nécessité de prendre des mesures courageuses, les problèmes des dites sociétés étant liés à la gouvernance, la transparence et la corruption.
Pour sa part, le ministre du développement, de l’investissement, de la coopération internationale et des finances par intérim, Fadhel Abdelkefi a fait savoir que les entreprises publiques ont fait face à plusieurs problèmes durant six ans, dont le recrutement massif, l’arrêt de la production, la non motivation des agents …, soulignant l’importance de la volonté et du courage politiques, vu que le coût de l’indécision est plus élevé que celui de la prise d’une mauvaise décision.
Il a rappelé que la plupart des sociétés tunisiennes sont des PME, TPE, des entreprises familiales et des entreprises endettées, mais elles ont réussi, ajoutant que la pérennité de l’entreprise passe principalement par le développement des fonds propres, une meilleure gouvernance et la transparence.
Evoquant la situation macro économique, le responsable a précisé qu’elle est caractérisée par des politiques budgétaires expansionnistes, l’arrêt des principaux moteurs de l’économie et un déficit abyssal. Abdelkéfi a, toutefois, relevé des prémisses de reprise, citant celle de la production du phosphate mais néanmoins la baisse de son exportation, vu l’absence de la Tunisie, durant six ans, du marché international.
Il a fait savoir, par ailleurs, que plusieurs problèmes relatifs aux caisses sociales, aux entreprises nationales, aux comptes en devises et au système bancaire persistent et seront discutés, aujourd’hui, avec les partis politiques, rappelant que la feuille de route concernant ces sujets sera prête au mois de juin.
« Je ne crois pas au consensus dans les dossiers économiques et je considère que le politicien doit assumer ses responsabilités, mais on essaye d’élargir l’accord sur les grandes orientations économiques du pays « , a-t-il indiqué.
Abdelkefi a mis l’accent sur trois priorités de son département, à savoir le maintien des grands équilibres globaux macro-économiques, la préservation du niveau des relations de confiance avec le Fonds Monétaire International (FMI) et le démarrage des réformes annoncées par le chef du gouvernement, le 14 janvier 2017.
Le ministre a fait remarquer que le gouvernement œuvrera auprès de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) pour faire avancer l’examen de la loi d’urgence économique, afin d’accélérer la réalisation des projets publics et même privés.
Revenant sur la conférence internationale de l’investissement Tunisie 2020, il a rappelé que les engagements d’investissements ont atteint 34 Milliards de dinars, dont 15 Milliards de dinars ont été signés, ajoutant que la plupart des projets présentés ont été retenus pour le financement mais la longueur des procédures administratives freinent leur démarrage.
Pour sa part, le conseiller auprès du Chef du Gouvernement Fayçal Derbel a rappelé que la loi sur l’investissement et ses textes d’application favoriseront la reprise des investissements locaux et étrangers dans le pays.
Cette loi, a-t-il ajouté, fera notamment le bonheur du secteur agricole, vu que plusieurs avantages ont été adoptés au profit de ce dernier.
Ce texte favorise également le développement et l’attrait des investissements dans les régions de l’intérieur, plusieurs investisseurs ayant déjà exprimé leur volonté d’y investir, vu l’importance des engagements financiers et fiscaux du gouvernement, selon ses dires.