Nécessité de développer les bases de données statistiques agricoles (Expert IFPRI)
Il faut développer la recherche et les bases de données statistiques sur le secteur agricole pour permettre aux décideurs d’élaborer et de mettre en place des stratégies et politiques agricoles efficientes et d’en assurer le suivi, l’objectif étant d’assurer la sécurité alimentaire des pays africains et de créer des emplois, a déclaré John Mususa Ulimwengu, expert à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI).
Intervenant au cours d’une journée d’étude sur « les systèmes d’informations et analyse stratégique », organisée jeudi, Ulimwengu a ajouté qu’un ministre peut prendre la bonne décision et anticiper les conséquences grâce aux données statistiques.
Il a rappelé, dans ce cadre, que l’ensemble du continent africain dépense entre 35 et 40 milliards/an, en termes d’importations des produits alimentaires, pourtant plus de 60% des terres arables disponibles dans le monde se trouvent en Afrique.
En outre, a-t-il ajouté, 80% des biens transformés consommés par les africains ne sont pas produits dans le continent africain.
Il a avancé que plus de 60% de la structure de la population a moins de 25 ans et cette dernière augmenterait de plus de un milliard, , d’où la nécessité d’assurer la sécurité alimentaire et l’emploi.
Selon les analyses, il n’y a que le secteur agricole qui peut absorber la croissance de la population, favoriser l’emploi et l’élaboration de stratégies de relance agricole, lesquelles ne peuvent être réalisées qu’en tenant compte des données statistiques.
Pour sa part, la représentante de la direction générale des études et développement agricole au ministère de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, Jihene Bouhouch a souligné que les systèmes d’information jouent un rôle important dans la prise de décisions, ajoutant que les CRDA (Commissariats Régionaux au Développement Agricole) sont le premier noyau de l’information.
Toutefois, a-t-elle précisé, il ne suffit pas de fournir l’information mais il faut également développer les outils d’analyse.
Elle a fait savoir, dans ce cadre, que le programme national des statistiques agricoles comporte une enquête décennale sur la structure des exploitations agricoles, des enquêtes annuelles, des enquêtes ponctuelles, des statistiques agricoles administratives et un annuaire statistique.
Et d’ajouter que la valorisation des travaux de statistiques agricoles est tributaire d’une meilleure coordination entre les producteurs et utilisateurs des statistiques agricoles, d’un meilleur positionnement de l’activité statistique au ministère, de la consolidation du réseau des statistiques des CRDA et du développement des travaux des statistiques agricoles.
De son côté, Mehdi Khlass représentant de la direction générale du financement, investissement et organismes professionnels dans ledit département a rappelé que le secteur agricole est confronté à un vieillissement de la population agricole, au manque d’organisation de la profession, à une faible productivité associée à un déficit hydrique, à une forte pression sur les ressources, à une faible valorisation des produits et d’intégration des filières, outre la baisse des revenus des agriculteurs.
L’accès difficile au financement, le faible taux des risques agricoles assurés et le faible taux d’exploitations bancables figurent également au tableau des difficultés de l’agriculture tunisienne, a-t-il souligné.
Et d’ajouter, à ce propos, que le budget d’investissement du ministère de l’agriculture, pour l’exercice 2018, a évolué de 48% par rapport à 2017, ajoutant que 85% des crédits seront alloués aux projets dans les régions et que 44% des allocations béneficieront aux nouveaux projets.