Le nouveau statut de la Banque centrale est à l’origine de la perturbation de la scène financière, il doit être révisé », selon Mourad Hattab

    La Banque Centrale de Tunisie (BCT) et le gouvernement sont appelés à réexaminer le statut de la BCT (2016) qui a annulé son rôle (de la BCT) dans la protection de la monnaie nationale, la lutte contre l’inflation et la garantie des grands équilibres financiers du pays », a indiqué l’économiste, Mourad Hattab.

    Hattab, qui fait sa lecture de la situation monétique et financière actuelle et des dossiers sur lesquels doit se pencher le nouveau gouverneur qui remplacera Chedly Ayari à la tête de la BCT, a souligné que  » le statut de la BCT a été élaboré dans le cadre d’une vision des autorités tunisiennes basée sur leurs contacts et relations avec la direction exécutive du FMI. Ce statut a dépossédé le pouvoir local de ses plus importants instruments monétiques et financiers « .

    Le nouveau statut de la BCT est venu, d’après lui, rétrécir le rôle de la Banque centrale pour qu’il soit limité au simple et « relatif » ajustement des finances et des affaires et au contrôle du système financier national.

    « Si ce statut ne sera pas révisé, la situation risque de s’empirer à court et à moyen termes », prévient l’expert, ajoutant que « la situation monétaire en Tunisie est très compliquée et elle devient de plus en plus critique et dangereuse ».

    « Le manque de liquidité a dépassé, actuellement, le montant de 12 milliards de millimes, ce qui représente un niveau record jamais atteint par le pays. Ceci pourrait perturber la marche des secteurs stratégiques et rend plus difficile l’endettement « , a encore indiqué Hattab, ajoutant que le taux d’intérêt sur le marché monétaire est en hausse (5,62%), ce qui ajoute aux charges financières de tous les opérateurs économiques et aussi des ménages et des particuliers.

    « La Tunisie n’a jamais connu, tout au long de son histoire, un volume de monnaie fiduciaire de l’ordre de 11 mille milliards, soit le double de son montant en 2011, à cause de la prolifération de la contrebande et de l’évasion fiscale et de tout genre de crimes financiers en Tunisie « .

    L’économiste a aussi évoqué une baisse continue des réserves en devises, estimées aujourd’hui à 84 jours d’importation.
    Il a aussi évoqué l’impact du nouveau statut de la BCT sur le dinar tunisien. « Il a affaibli le dinar tunisien et contribué, d’une manière indirecte à son flottement. La BCT ne pourrait plus faire de manœuvres pour injecter la liquidité nécessaire dans le cas de fluctuations du marché monétaire tunisien, ce qui soumet la monnaie locale à la logique de l’offre et de la demande », a-t-il dit à ce sujet.