Quelle relation Banque-Entreprise après la révolution !
La question du financement bancaire des entreprises, en cette phase difficile de transition économique, marquée par une forte décélération des activités productives a été largement abordée par les hommes d’affaires en Tunisie.
Le financement bancaire des entreprises tunisiennes est fondamental aussi bien dans la phase de démarrage qu’au cours des phases opérationnelles (besoins en fonds de roulement, investissements), si bien qu’en Tunisie, il demeure le moyen de financement prépondérant du secteur privé. Il l’est d’autant plus que, relativement aux autres outils de financement non bancaire (factoring, leasing, marché boursier, capital-risque), qui jouent un rôle mineur, il représente quasiment la source privilégiée de levée de fonds. Néanmoins, les concours bancaires aux secteurs productifs en Tunisie sont limités dans la plupart des cas à des crédits de court terme, et demeurent faibles par rapport à plusieurs comparateurs et pays émergents
L’entreprise véritable maillon fort, de toute économie, se trouve être l’inspirateur de tout succès ou de tout échec de l’économie. Les entreprises tunisiennes de toutes leurs formes ont subi de plein fouet les dérives mafieuses d’un pouvoir dépassé. Si la productivité des entreprises tunisiennes était déjà faible avant le 14 janvier, que dire alors aujourd’hui. Si la productivité baisse, l’incidence est immédiate et pour l’entreprise et pour le pays, où cette baisse s’accompagne d’une hausse de prix, d’une baisse du taux de croissance, d’une augmentation du taux de chômage et d’une augmentation des charges.
Le rapport entre banques et PME ressemble beaucoup à celui des couples qui se font des reproches incessants mais doivent vivre ensemble malgré tout. En tout état de cause, de nombreux travaux de recherches jugent qu’une faiblesse de l’économie tunisienne est sa relative inaptitude à faire grandir les PME. Cette situation s’expliquerait par une mauvaise gouvernance qui a entravé la capacité du secteur financier de contribuer à la croissance. En conséquence, provoqué par des contraintes liées à l’offre et à la demande, le secteur bancaire est peu susceptible de jouer son rôle de catalyseur. En effet, si les entreprises se privent des services financiers à cause de contraintes qui existent à leur niveau, le secteur bancaire dans son ensemble n’est pas en mesure de s’adapter à leurs besoins.
Nombreuses sont les entreprises tunisiennes qui considèrent que l’accès au financement bancaire ainsi que son coût sont deux obstacles majeurs devant leur croissance. Offrir donc des produits et services financiers à un coût raisonnable et moins contraignant ne dépend pas uniquement des facteurs microéconomiques et/ou macroéconomiques, mais aussi de la volonté politique. Dans un contexte économique difficile, il nous faut une politique de soutien efficace et ciblée aux PME. Il s’agit d’inciter les banques à collaborer davantage avec les PME et les accompagner dans le processus de développement. A ce sujet, la Tunisie a de nouveaux efforts à faire afin de lever les obstacles de développement des PME.
Telle que déclaré par le gouverneur de la Banque Centrale l’économie nationale a dépassé la phase dangereuse », Pour résorber les effets de la période de la récession et de préserver le tissu économique, tout en donnant une forte impulsion à l’activité économique, le rôle des hommes d’affaires est primordial au cours de cette phase, ce qui exige davantage de rigueur et de vigilance, pour assurer la transition du pays dans les meilleures conditions.
Mais ce rôle ne peut être accompli par des entreprises ayant assumé tout type de risque (financiers et d’exploitation). Surtout lorsque nous voyons que le gouvernement n’a pas assumé son rôle en matière de protection des investisseurs tunisiens et étrangers dont certains ont quitté le pays, à cause de la dérive sécuritaire..
La solution telle que proposée par Mme Wided Bouchamaoui, présidente de l’Union Tunisienne de l’Industrie et du Commerce (UTICA) de renforcer les liens entre l’entreprise et la banque. Cette relation banque/entreprise doit être vue dans un cadre assez particulier. En effet, Il est nécessaire de prendre en compte la situation financière des entreprises dont de nombreuses ne disposent pas des liquidités nécessaires pour faire face aux dépenses d’urgence comme celle du paiement des salaires et de l’achat des matières premières. De plus, les banques — dont certaines sont en situation difficile — ne sont pas toujours prêtes à fournir les crédits demandés par les entreprises. En Septembre 2012, l’agence de notation américaine Standard& Poors (S&P) a révisé la note du secteur bancaire Tunisien à (BB/stable/B), la classant dans le groupe «8» constitué des pays à «risque très élevé», et ce en se basant sur la mise à jour de la méthodologie BICRA (évaluation du risque pays pour le secteur bancaire et l’industrie). Avec son score BICRA 8, la Tunisie est désormais classée aux côtés de pays comme le Liban, l’Egypte, la Géorgie, le Nigéria et le Kazakhstan.
En raison de la morosité économique nationale et des retombées de la révolution, le secteur bancaire se heurte à de considérables difficultés notamment en termes de la qualité des crédits et de rentabilité qui se sont détériorées. A cet égard, la Banque Centrale de Tunisie a été amenée à prendre certaines mesures d’urgence en réponse à des besoins exceptionnels dont les principales :
– L’intervention massive sur le marché monétaire pour fournir les ressources nécessaires au secteur bancaire du fait de la forte contraction de la liquidité bancaire,
– L’assouplissement de la politique monétaire par la réduction à plusieurs reprises des taux de la réserve obligataire et la baisse du taux directeur de la BCT, permettant ainsi de conforter la trésorerie des banques pour soutenir le financement de l’économie,
– L’incitation du secteur bancaire à soutenir les secteurs d’activité et les entreprises affectées par la crise et à poursuivre le financement des projets pour relancer la machine économique, notamment en assouplissant les règles de rééchelonnement des dettes.
les concours à l’économie, ont connu, une hausse de 9,7% au cours des dix premiers mois de l’année 2012 en comparaison avec la même période de l’an passé, tout en enregistrant une baisse notable de l’encours des crédits à court terme. Nous rappelons que la structure des crédits est de 80% entreprises et professionnels et 20% particuliers.
Le renforcement de la relation entre banque et entreprise est recherché afin d’atteindre un objectif global qui assure l’équilibre des grandeurs Macro. La solution est de parvenir à une relation de partenariat entre banque et entreprise, de manière à ce que l’octroi de crédit s’ajoute pour devenir un autre élément de gouvernance de l’entreprise et renforce la transparence sur le marché. Ceci implique d’une part, le partage des risques d’activité afin de s’assurer de la pertinence du crédit accordé et d’autre part, la banque ne doit pas se limiter à une évaluation superficielle du risque de solvabilité de l’entreprise.