Alors que tout le monde s’inquiète de l’hyper croissance de l’économie parallèle et ses effets négatifs sur le développement du pays, un intérêt particulier devrait être porté au développement de la finance de l’ombre dans le pays.
Souvent connu sous le nom de « shadowbanking« , la finance parallèle peut être définie comme un système d’intermédiation de crédit englobant des entités et des activités qui ne font pas partie du secteur bancaire classique. Cette finance non règlementée suscite crainte et fascination puisqu’elle recouvre toutes les sortes de placements qui concurrencent les dépôts bancaires et échappent à la réglementation bancaire. Les investissements réalisés par ce système bancaire parallèle offrent souvent des rémunérations attractives, mais présentent aussi des risques plus élevés pour les investisseurs.
La finance parallèle revêt plusieurs facettes dans le système financier. La multiplication du nombre des associations financières et religieuses, après la révolution, a aidé l’émergence et le développement de la finance parallèle en Tunisie. Malgré le rôle des associations à renforcer le lien civil dans tous les domaines, certaines associations religieuses et de bienfaisance ont une incidence sociale et jouent un rôle direct et indirect dans le financement du terrorisme. Des associations se sont impliquées idéologiquement et financièrement dans la propagation des idéologies extrémistes qui favorisent le terrorisme. La faille est surtout juridique et il faut revoir les textes de loi pour mieux contrôler les ressources financières qui leur parviennent et leurs utilisations. Les banques tunisiennes constituent aussi une faille et certaines d’entre elles sont carrément impliquées dans la circulation financière qui aide l’implication des associations dans le financement du terrorisme. Ces associations bénéficient d’un financement et d’un soutien logistique interne et étranger.
La prolifération des sociétés illégales de placement d’argent est l’une des formes de la finance d’ombre qui s’est développée progressivement durant dernières années. Les institutions de placement de fonds tunisiennes échappent à tout contrôle des autorités gouvernementales. Leur existence prouve que le cadre juridique et légal en Tunisie n’est pas prêt pour s’attaquer à ces nouvelles formes d’escroquerie. Le cadre juridique actuel n’institue pas en fait des obligations de contrôle, lors de la création de ce genre d’entreprises. De même, le gouvernement n’a pas mis en place suffisamment de mécanismes pour protéger les victimes de ces institutions.
L’inadéquation du système bancaire tunisien au financement des familles pauvres a stimulé la création des para-associations dans les quartiers populaires, dont l’objectif est de financer les besoins en liquidité des individus et des familles à faibles revenus. L’échec du secteur bancaire à fournir des solutions de financement à ces pauvres familles a encouragé une catégorie de gens aisés à remplacer les banques dans ces quartiers pour fournir des micro-crédits à des taux d’intérêt d’enfer. La profitabilité attractive à court terme de ce type de financement a catalysé ce système de financement parallèle dans les zones pauvres du pays. Le gouvernement doit assumer sa responsabilité pour protéger les victimes de ce secteur parallèle qui appauvri davantage la classe moyenne de la société.
La fuite de capitaux qui nuit à l’investissement est principalement encouragée par le marché parallèle de la devise. Pour contourner la réglementation, des opérateurs économiques passent par le marché parallèle, et ce, afin de financer des investissements à l’étranger. Cette fuite des capitaux est à l’origine de l’augmentation de l’écart de prix entre marché officiel et marché parallèle. La Banque Centrale doit revoir la réglementation de change et concevoir la future architecture du marché secondaire et officiel de la devise. Avec le cadre juridique en place, le marché parallèle de la devise a encore de beaux jours devant lui.