Tunisie-FMI: réduction du déficit, maîtrise de la masse salariale et suppression progressive de subventions énergétiques

    Maintenir le cap sur la réduction du déficit budgétaire, le renforcement des réserves en devises, le maintien d’une politique monétaire stricte et la suppression progressive de subventions énergétiques inéquitables, tout en protégeant les ménages vulnérables, est essentiel pour maintenir la stabilité économique et soutenir le processus de transition politique malgré des vulnérabilités macroéconomiques élevées , c’est ce qu’a préconisé la mission du Fonds Monétaire international (FMI), au terme d’une visite effectuée en Tunisie, du 27 mars au 9 avril.
    Cette mission qui s’inscrit dans le cadre de la 5ème revue du suivi des réformes auxquelles le gouvernement tunisien s’est engagé, au titre du mécanisme élargi de crédit conclu avec la Tunisie, a pris fin mardi, a indiqué un communiqué du FMI.
    le décaissement de la 6ème tranche du prêt du FMI d’un montant de 250 millions de dollars, dépend de cette revue. Le Fonds a validé en mai 2016, l’octroi d’un crédit de 2,9 milliards de dollars à la Tunisie, laquelle a obtenu jusqu’à présent 1,4 milliard de dollars du total du prêt convenu. La seconde moitié du prêt sera complétée durant la période allant de début 2019 jusqu’à avril 2020.
    Rother a déclaré au terme de la mission qu’il sera également, important de mieux maîtriser la masse salariale publique, qui figure parmi les plus élevées au monde en pourcentage du PIB. Cela contribuera à créer davantage d’espace pour les dépenses essentielles consacrées aux ménages vulnérables, à l’éducation et à la santé. Les nouveaux défis extérieurs, notamment la volatilité des prix du pétrole, le ralentissement de la croissance dans les pays partenaires de l’UE et les retombées potentielles des conflits au sein de la région, rendent encore plus urgents les progrès dans ce sens. Nous reconnaissons que les mesures nécessaires ont un impact sur le peuple tunisien. C’est pourquoi les efforts visant à accompagner les réformes d’un filet de protection sociale renforcé, sont une priorité .
    Une nouvelle accélération des réformes structurelles, notamment pour améliorer la gouvernance et l’environnement des entreprises, est nécessaire pour renforcer la confiance. Ces efforts contribueront à libérer le potentiel du secteur privé et à générer plus d’opportunités et d’emplois pour tous les Tunisiens.
    En effet, des discussions constructives avec les autorités sur les politiques de réformes économiques nécessaires pour mener à bien cette cinquième revue. Les autorités tunisiennes s’engagent résolument, dans un programme politique visant à stabiliser et à réformer l’économie, en tenant compte de la situation sociopolitique tendue à l’approche des élections législatives et présidentielle. Les autorités tunisiennes et les services du FMI sont parvenus à un accord mutuel sur la plupart des questions et ont convenu que les autorités avaient besoin d’un peu plus de temps pour préciser les propositions à propos des politiques à mener dans certains domaines. Les discussions se poursuivront à Washington, dans les prochains jours.
    « La Tunisie connaît une reprise modeste. La croissance passerait de 2,6% en 2018, à 2,7% en 2019, grâce aux bonnes performances de l’agriculture et des services, en particulier du tourisme. Néanmoins, l’activité économique continue de souffrir d’incertitudes politiques et économiques et de goulots d’étranglement structurels, tels qu’un accès souvent insuffisant au financement. Ainsi, la croissance est restée insuffisante pour réduire le chômage, qui reste particulièrement élevé pour les jeunes et les femmes.
    Les autorités ont poursuivi la mise en œuvre de la politique de réforme, cependant, les vulnérabilités macroéconomiques élevées menacent toujours la stabilité économique.
    Les autorités ont resserré leur politique monétaire afin de contenir les pressions inflationnistes et ont réussi à réduire notablement, le déficit budgétaire. Les mesures fiscales de 2018 et le renforcement de la collecte des taxes ont amélioré les revenus, tandis que les hausses du prix de l’énergie ont permis de contenir la croissance des subventions à l’énergie qui profitent principalement, aux mieux nantis. Cela a permis d’accroître les dépenses consacrées aux investissements publics dans la création d’emplois et aux programmes sociaux, qui sont respectivement passées à 5,6% du PIB et 2,7% du PIB en 2018.
    La couverture du programme national d’assistance aux familles vulnérables a été étendue (de 250 000 à 285 000 familles) et ses niveaux de prestations ont été augmentés. En outre, les autorités améliorent l’accès aux soins médicaux pour les moins nantis et ont enregistré 600 000 ménages dans une base de données qui facilitera le ciblage des politiques sociales.
    Des déséquilibres considérables continuent d’entraver la croissance et le potentiel d’emploi de la Tunisie. La croissance reste trop dépendante de la consommation, tandis que l’investissement et les exportations restent insuffisamment dynamiques. Les dettes extérieures et publiques croissantes de la Tunisie entraînent de grands besoins de financement et représentent un lourd fardeau pour les générations futures. Enfin, malgré un certain recul, l’inflation reste supérieure à 7%, menaçant le pouvoir d’achat, en particulier des plus vulnérables de la société.
    Il est à noter que l’équipe du FMI a rencontré le Chef du Gouvernement, Youssef Chahed, le ministre des Finances, Ridha Chalghoum, le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Zied Ladhari, le ministre auprès du chef du gouvernement chargé des grandes réformes, Taoufik Rajhi et le gouverneur de la BCT, Marouane El Abassi. Elle s’est également entretenue avec des représentants des syndicats et des employeurs, du secteur privé et de la société civile.