Le gouvernement doit être conscient que la Tunisie ne peut pas devenir un » Etat de surtaxation » et sa réaction par rapport à la question fiscale ne peut être basée sur le principe de » la répression », a affirmé l’expert des risques financiers Mourad Hattab.
Présentant une analyse de l’interview accordée, mercredi soir, par le chef du gouvernement Youssef Chahed, l’expert a estimé » que le chef du gouvernement qui a mis l’accent sur la question fiscale et sur les questions économiques, a utilisé un langage /répressif / ».
Chahed avait déclaré » que son gouvernement qui œuvre à pallier à tout signe de faiblesse au niveau du contrôle financier, est en train de créer une police fiscale et va fournir 250 contrôleurs fiscaux supplémentaires « .
Pour Hattab, la Tunisie possède les capacités et les compétences humaines nécessaires en matière de fiscalité, lesquelles (compétences) peuvent gérer le système fiscal sans l’apport d’une police fiscale.
Et d’ajouter que le gouvernement est conscient que le pays ne peut pas devenir un état de surtaxation d’autant plus que la pression fiscale se situe aux alentours de 22% et la pression fiscale sur les salariés aux alentour de 21%.
« Imposer davantage de taxes n’encourage pas l’investissement « , souligne Hattab, ajoutant qu’en Tunisie il existe 3 systèmes fiscaux en plus de 11 codes comportant les fondamentaux de la fiscalité « .
Il a, par ailleurs, estimé que le système fiscal en Tunisie » est très compliqué » et ne fournit pas de garantie sur plusieurs niveaux.
» La mise en place d’un système répressif est insuffisant « , a-t-il encore fait savoir.
L’expert a par ailleurs réitéré la nécessité de mettre en place des objectifs réalistes estimant que le règlement du dossier des crimes financiers reste tributaire de l’intégration économique, la communication et les compromis « .
S’agissant de la contribution exceptionnelle de 7,5% pour le patronat et proposition de reporter les augmentations salariales à 2019, Hattab a estimé que le gouvernement doit éclaircir la question de ces participations exceptionnelles qui s’appliquent chaque année sous différents intitulés.
Afin de mobiliser des financements, l’expert a appelé le gouvernement à limiter l’importation anarchique qui devient un fardeau pour l’économie nationale.
Un nombre de dispositions visant à soutenir les jeunes ont été déjà prises sans grands résultats, a-t-il encore indiqué en allusion à certaines dispositions prises par le gouvernement Chahed.
Sur un autre plan, Hattab a évoqué le phénomène du crime organisé en Tunisie outre la corruption évoqué dans plusieurs rapports et organisations, estimant que la lutte contre la corruption reste un dossier juridique.
Hattab a suggéré au gouvernement de restructurer les entreprises publiques de manière à améliorer leurs revenus et de réformer le système social, surtout qu’une large frange des salariés pâtit de la cherté de la vie.
Il a indiqué que l’offre d’incitations aux grandes entreprises peut relancer l’économie et fournir plus d’emplois, d’où, a-t-il dit, la nécessité de réviser le système de financement en Tunisie et d’instituer des émulations au profit de ces entreprises.
Selon Hattab, la situation économique en Tunisie ne nécessite pas la promulgation d’une loi sur l’impulsion de la croissance, d’autant que des législations existent dans plusieurs domaines, dont les marchés publics, soulignant que la Tunisie » n’est pas en état de guerre « .
Il s’est interrogé sur l’absence d’informations au sujet de la loi de finances complémentaire pour 2016, sachant que l’actuelle année financière touche à sa fin, outre le manque de données sur la loi de finances 2017.
Et d’ajouter que la rareté de données simplifiées portant sur les législations à présenter aux investisseurs, à l’occasion de l’organisation du forum de Tunis sur l’investissement (29-30 novembre 2016), risque de décourager ces derniers, quant au choix de la Tunisie en tant que site d’investissement.
L’investisseur, a-t-il précisé, a besoin de détenir des informations sur les lois de finances d’un pays ainsi que les législations destinées à mobiliser l’investissement.
La stabilité des indicateurs politiques et sécuritaires de la Tunisie et sa réussite dans l’organisation du forum précité au plan politique, à travers l’intensification des contacts, ne peuvent, à eux seuls, contribuer à attirer les investisseurs, en l’absence d’informations relatives aux législations, a conclu l’orateur.