samedi, 20 avril 2024

Ouverture du sommet du climat en Pologne dans une atmosphère de pression face aux urgences climatiques

Les représentants d’environ 200 pays ont entamé dimanche en Pologne, le 24ème round de négociations sur les changements climatiques visant à trouver les mécanismes concrets pour la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat (2015).
Le président sortant de la 23ème conférence (organisée à BONN en Allemagne pour le compte du Fidji), le Premier ministre fidjien Frank Bainimarama, a passé le relais à son successeur polonais Michal Kurtyka, qui présidera cette 24e conférence de l’ONU pour le climat (COP24) à Katowice.
Une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus à ce sommet qui se poursuivra deux semaines et auquel sera également présent le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
La Tunisie participe à ce sommet et négociera dans le cadre de trois groupes, le Groupe Afrique (55 pays), le groupe des Etats arabes (22 pays) et le groupe le plus large des 77 pays + la Chine (pays en développement).
L’Egypte est le porte-parole du groupe des Etats arabes pour les négociations durant cette conférence.
Cette conférence doit aboutir à deux résultats majeurs : l’adoption des règles de mise en œuvre de l’accord de Paris, appelées  » Paris Rulebook  » et à l’évaluation de l’action collective menée depuis l’accord de Paris (2015), dans le cadre du Dialogue de Talanoa. Cette action a été déjà jugée  » insuffisante  » pour limiterà 2 degrés C le réchauffement climatique d’ici 2100.
Le dialogue de Talanoa est une forme de dialogue interactif.  » La formule présente l’avantage d’amener les participants à assouplir leurs positions et à revisiter leurs idées en les confrontant à celles des autres. Ce style de dialogue privilégie l’échange et la participation, la découverte de points communs et la communication spirituelle autour d’un sens partagé « , rapportent les Nations unies.
L’Accord de Paris, rappelle-t-on, fixe non seulement un objectif commun à l’action climatique internationale – limiter le réchauffement climatique bien en-dessous de +2°C et poursuivre les efforts pour le contenir à +1,5°C – mais organise aussi une dynamique politique permettant de réduire progressivement l’écart entre les actions individuelles des Etats et l’objectif collectif qu’ils se sont fixés.
Les trois éléments clés de Katwice
La Conférence de Katwice permet aussi de discuter de trois éléments clés.
Primo, il s’agit de définir le cadre de transparence de l’action et du soutien, pour qu’il s’applique à tous tout en tenant compte des capacités de chacun, sans pour autant légitimer un traitement différencié entre pays développés et en développement;
Secundo, discuter du montant des flux financiers consentis, leur prévisibilité, la négociation des montants post-2025, etc.
Tercio, débattre des mécanismes de coopération carbone, permettant à un pays de compenser ses émissions en achetant des crédits à un autre pays.
Le dialogue ministériel de clôture du 24ème sommet sur les changements climatiques doit aussi aboutir à une mesure de la part des gouvernements des contributions techniques soumises depuis un an.
C’est une nouvelle phase politique de deux ans qui pourra enclencher les dynamiques nécessaires au relèvement de l’ambition nationale par une majorité de pays, conformément au mécanisme d’ambition contenu dans l’Accord de Paris.
Or, au moins deux difficultés pourront contrarier la réalisation effective de cet élan politique à la suite de ce bilan. D’abord le manque d’implication de la présidence polonaise qui ne fait pas de l’ambitio climatique une priorité de cette conférence puisque dans le même temps, elle plaide activement contre un relèvement de l’ambition européenne, selon des médias européens.
Ensuite l’absence de leadership international solide capable de répondre aux attentes des populations à travers une réaction à la hauteur de la principale contribution à ce dialogue.
Attention particulière au financement climat
Comme plusieurs fois par le passé, lors de ce sommet, une attention toute particulière sera portée à la question des financements climat.
En effet, les pays en développement voudront non seulement s’assurer que les flux financiers qu’ils perçoivent afin de progressivement transformer les modes de développement croissent de façon compatible avec l’objectif que se sont fixés les pays développés à Copenhague de mobiliser 100 milliards de dollars par an.
Après une année pendant laquelle les effets du changement climatique se sont fait ressentir davantage, et où les acteurs non-gouvernementaux tels que les entreprises, les villes ou les territoire, ont occupé le premier plan de l’action climatique, notamment grâce au Sommet de Californie, la conférence de Katowice est l’occasion pour les Etats de tenir compte de cette dynamique et de construire sur cette base solide un élan vers une hausse de l’ambition collective avant l’échéance de 2020.
Le sommet de Katowice doit être aussi le point de départ de cet élan. Plusieurs jalons cruciaux rythmeront ensuite l’action climatique internationale en 2019.
Pour l’instant, les négociations s’annoncent difficiles et entachées de plusieurs questions épineuses. La première contradiction à observer sous la coupole de la COP24 à Katowice, est la présence de grands groupes de l’industrie du charbon en tant que sponsors du sommet du climat.
Il s’agit aussi de ce pavillon de la ville même Katowice qui abrite le sommet et qui promeut, contradictoirement avec l’esprit des conférences sur le climat, l’industrie du charbon, l’un des grands polluants de l’atmosphère et l’une des sources d’énergie que la Pologne n’est pas encore prête à s’en passer, ni à court ni à moyen termes.