La banque des régions se basera sur un nouveau schéma économique en matière de financement des entreprises (PDG de la BFPME)

    La banque des régions qui devra être créée au début de l’année 2019, se basera sur un nouveau schéma économique en matière de financement des entreprises, a indiqué le PDG de la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME), Labid Zaâfrane.
    Dans une interview accordée à l’Agence TAP, le responsable a ajouté que cette nouvelle banque garantira davantage d’encadrement aux promoteurs et un examen plus approfondi des dossiers avant leur adoption, en vue de minimiser les risques.
    La banque des régions, prévue par le projet de loi de finances 2019, accordera des lignes de financement aux banques commerciales, appelées à jouer le rôle d’intermédiaire en termes d’octroi de crédits aux personnes voulant créer des projets et ayant obtenu l’accord de la banque des régions.
    Ces personnes doivent également répondre à toutes les conditions relatives aux études du coût réel des projets, ainsi qu’aux garanties présentées, a-t-il encore souligné.
    Et d’ajouter que la banque des régions qui remplacera la BFPME créée en 2005, jouera un rôle de premier plan dans la relance de la croissance et évitera les défaillances de la BFPME, dont les créances douteuses ont atteint 150 millions de dinars (MD).
    Pour le responsable, ces dettes sont le résultat d’une politique basée sur le financement de projets à haut risques et sans une véritable évaluation des études présentées par les promoteurs.
    Q : Comment expliquez-vous l’échec de plusieurs projets financés par la BFPME ?
    R : Près de 40% des projets que nous avons financé depuis la création de la BFPME en 2005 jusqu’au mois d’octobre 2018, ont échoué. Plusieurs facteurs expliquent cet échec. Essentiellement, il s’agit du manque de formation des promoteurs qui se hâtent d’obtenir des crédits sans accorder un grand intérêt à l’élaboration des études de marché.
    En plus, les jeunes promoteurs ont du mal à déterminer le coût réel de leurs projets et n’optent pas pour des partenariats qui permettraient de partager les charges, outre leur faible participation au capital du projet et le manque de liquidités à leur disposition.
    Après la création de leurs projets, plusieurs jeunes promoteurs sont obligés à s’endetter d’avantage et à la fin ils mettent les clés sous la porte.
    Avant la Révolution (17 décembre 2010 -14 janvier 2011), nous étions en mesure de refuser plusieurs projets à haut risques et qui ne présentaient pas de garanties réelles pour la banque, mais la pression politique exercée par l’ancien régime pour des raisons de propagandes liées aux élections présidentielles de 2009, a eu un impact négatif sur les équilibres financiers de la banque.
    Q: Comment la banque des régions pourra-t-elle bénéficier de l’expérience de la BFPME ?
    La création, l’année prochaine, de la banque des régions est une bonne idée, car elle constituera la locomotive du processus de développement et de la création de projets, ce dont nous avons besoin pour relancer notre économie qui devra être basée principalement sur les PME, dont la plupart souffre de la faiblesse des financements.
    L’objectif recherché est de préserver la pérennité de ces entreprises, renforcer leur compétitivité et leur permettre d’élargir leurs activités.
    Comme vous le savez, une fois créée, la banque des régions absorbera la BFPME et la société tunisienne de garantie (SOTUGAR) et nous sommes prêts à mettre notre expérience à la disposition des banques commerciales qui vont coopérer avec cette nouvelle institution de crédits.
    Pour rappel, notre banque emploi actuellement 132 fonctionnaires, dont 70% sont des cadres. Notre personnel qualifié principalement en matière de financement des PME, jouera un rôle de premier plan aux niveaux de l’encadrement technique, d’accompagnement des promoteurs et de la réalisation des projets.
    Il convient de rappeler dans ce cadre que les banques commerciales, contrairement à la BFPME spécialisée dans le financement de projets de développement, ne possèdent pas une expérience suffisante dans le financement des projets de développement, jugés très risquées, ce qui explique la nature de leurs activités basée sur l’octroi de crédits à moyen et à long termes et sur le financement de projets moins risqués, pour garantir les bénéfices et éviter les pertes.
    Q : Les banques commerciales accepteront-t-elles de financer des projets de développement à haut risque dans les régions ?
    R : Elles n’auront pas de choix que d’adhérer au processus de développement et de booster l’investissement dans le pays, d’où le rôle de la banque des régions qui assurera les ressources financières suffisantes leur permettant de jouer pleinement leur rôle en matière de financement de projets.
    Pour moi, les banques commerciales ne se montreront pas extrêmement prudentes en matière d’octroi de crédits aux jeunes promoteurs, d’autant plus que leurs dossiers seront biens étudiés par la banque des régions (garanties, ressources propres, coût réel du projet…).
    Q : Le capital de la banque des régions atteint 400 MD, quelles sont les sources de financement?
    Une partie du capital de la banque des régions sera financée par l’Etat, le reste du capital sera assuré par la Banque allemande de développement (KFW), la Banque européenne d’investissement, ainsi que d’autres partenaires.