L’économie immatérielle : un nouveau défi pour la Tunisie

    La consommation de biens matériels reste un puissant moteur de l’économie de production de biens et services. Mais, son effet destructeur sur les ressources a encouragé les pays développés à supporter leurs économies immatérielles. Aujourd’hui les indicateurs économiques classiques comme le taux de croissance ou le PIB, ne suffisent plus à évaluer la richesse globale réelle créée par une nation.

    L’économie immatérielle implique le changement du système économique où les avantages concurrentiels dépendent auparavant des ressources matérielles par un système économique dont la performance est de plus en plus dépendante du capital immatériel qui est devenu un levier de la compétitivité pour la survie de l’entreprise de nos jours. Le système économique mondial table aujourd’hui sur le potentiel du «capital intellectuel» de l’entreprise. Ce capital englobe: les connaissances et les compétences organisationnelles (capital organisationnel), la loyauté du personnel (capital humain) et la crédibilité de l’entreprise (capital relationnel).

    La valeur de l’entreprise devient de plus en plus immatérielle parce que l’économie elle-même suit cette tendance. La supériorité de la valeur de marché par rapport à la valeur comptable d’une entreprise (goodwill) dépend de son potentiel à développer le capital immatériel. En valorisant ce type de capital, il est possible de réduire ou remplacer les autres moyens nécessaires pour créer de la richesse (ressources humaines, moyens techniques, ressources financières, etc.).

    En matière d’implication des politiques économiques, la Tunisie doit éviter aujourd’hui de tomber dans le «piège du revenu intermédiaire». Il est question surtout de trouver les moyens pour accélérer les réformes institutionnelles et structurelles pour faciliter le développement du secteur privé et accélérer la modernisation, la diversification et l’immatérialisation de l’économie. Pour cela, le pays a besoin de renforcer la gouvernance économique, la poursuite de l’ouverture de l’économie, l’amélioration du climat des affaires et surtout l’adaptation du secteur bancaire pour qu’il soit au service du développement de cette nouvelle forme de l’économie, à savoir immatérielle.

    Désormais, la Tunisie devrait tenir compte dans le cadre de ses politiques économiques du capital immatériel et de sa richesse totale qui font partie des plus récents standards internationaux utilisés pour mesurer la richesse d’un pays. Le Maroc, notre concurrent direct, a pris de l’écart par rapport au reste des pays de la région du Magreb arabe. Le poids du capital immatériel dans la richesse globale du Maroc est proche de celui atteint par les pays développés !