La Banque Centrale de Tunisie suscite toujours la polémique !

    Le rôle de la Banque Centrale varie d’un pays à un autre. Sauf que, la mission principale et commune entre toutes les banques consiste à veiller sur le développement et le financement de l’économie.

    En Tunisie, diverses prérogatives ont été confiées à l’institution de l’émission. De ce fait, la BCT surveille la politique monétaire et fixe les taux d’intérêt.

    En plus, elle a comme tâche de superviser les établissements de crédit et de consolider la stabilité et la sécurité du système financier. Pour ce faire, la BCT suit de prés les opérations financières et bancaires et contrôle la circulation monétaire. C’est la fonction de régulateur.

    Par ailleurs, après avoir atteint 3 milliards de dinars à la fin de novembre 2011, le volume  global de refinancement bancaire a dépassé en juin de l’année en cours 6.313 MDT et a frôlé les 8 MDT en août, soit un record historique.

    Sachant que les avances consenties par la BCT à l’Etat ne doivent pas dépasser 5% de ses recettes propres, ce niveau atteint en juin laisse débattre sur l’efficacité du système bancaire tunisien dont la BCT est le superviseur. 

    Il s’agit dans le cas de la Tunisie d’une situation de sous-liquidité qui est devenue structurelle depuis 2011. Ceci est causé essentiellement par le déficit commercial inexorable que la BCT a dû maitriser depuis longtemps. Toutefois, la dévaluation du dinar par rapport au dollar américain et à l’euro, adoptée par la BCT, n’aura aucun effet positif sur l’équilibre de balance commercial de la Tunisie. La performance de cette mesure pendant les périodes de crise est à prouver.

    La BCT aurait dû proposer et pourquoi pas imposer des mesures radicales pour freiner les importations à l’origine de l’atténuation des réserves en devises qui sont déjà en baisse en raison du fort recul des revenus liés aux IDE et des revenus du tourisme. Rester indifférent face à une telle situation peut être catastrophique.

    S’agissant du taux d’intérêt, il a été maintenu à 4.25% depuis octobre 2015. Certains économistes considèrent que ce taux est très élevé comparé au taux de croissance de la Tunisie qui n’a pas dépassé 1.6% au 2e trimestre 2016. D’autres craignent le risque de la sous-liquidité en cas de révision de ce taux à la baisse puisque l’épargne ne sera plus rentable comme auparavant.

    Le problème est que dans une conjoncture pareille, une épargne de moins ne signifie pas un investissement de plus. L’investissement est insensible aux variations du taux d’intérêt.

    Il faut trouver le juste-milieu et le point d’équilibre entre l’épargne et l’investissement.

    La BCT est donc entre le marteau et l’enclume. Elle n’a pas de stratégie claire. C’est très rare qu’elle communique au public ses objectifs. Le gouverneur, Chedly Ayari, a même joué l’avocat du diable et a maquillé la situation en la qualifiant de prospère. Si on est désigné par des politiciens, on risque de perdre notre indépendance et par conséquent celle de la BCT. N’oublions pas que l’ex gouverneur, Mustpha Kamel Nabli, a été délogé de son poste en raison de son refus catégorique de s’aligner avec les directives du gouvernement.

    Le cas de la Banque Franco-Tunisienne (qui risque la faillite sans que la  l’argentier de l’Etat n’intervient pour sauver la situation) conjugué à l’affaire du salaire du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Chedly Ayari, (qui a été multiplié par six pour passer de 4.500 à 28.000 DT par mois) ont suscité beaucoup de questionnements sur l’intégrité et la compétence du conseil de la BCT.

    SBK