Opportunités et défis du marché de l’Afrique subsaharienne

Depuis 2011, la Tunisie souffre de plusieurs difficultés économiques qui se sont progressivement  aggravées par la hausse de l’inflation, la baisse des avoirs en devises et la hausse des prix du pétrole et des produits alimentaires. Plusieurs économistes suggèrent que la structure et la politique du commerce extérieur du pays doit être révisée. Plus que 80% du commerce du pays est mené avec l’Europe, partenaire qui réalise près de 1% de croissance par an, alors que la Tunisie doit atteindre 6% ou 7% de croissance pour résoudre ses problèmes économiques et rattraper son retard. D’ici, l’établissement d’une nouvelle stratégie de commerce internationale orienté vers les pays subsahariens s’avère une nécessité.

La Banque mondiale prévoit que la croissance économique en Afrique subsaharienne devrait continuer à progresser de 7,7% par an jusqu’à l’horizon 2020, soit deux fois supérieure à celle des économies avancées. Ses économies africaines s’appuient sur l’investissement et sur la consommation privée, engendrée par une expansion démographique ainsi que par l’émergence d’une classe moyenne à fort pouvoir d’achat. Six pays africains figurent parmi les dix premiers pays croissance économique la plus importante dans le monde. Ainsi, il est nécessaire de définir une nouvelle orientation stratégique pour la Tunisie afin de se positionner sur marché.

Les études montrent qu’entre 2008 et 2020, le PIB et la consommation de l’Afrique doubleront, tandis que le nombre d’utilisateurs de téléphones mobiles sera multiplié par 3,5 en 2040. Cela rend le marché de télécommunications, en pleine évolution, très attrayant. Cependant, le marché subsaharien ne représente que 2.2 % des exportations tunisiennes. Compte tenu de l’opportunité très intéressante que constitue le marché subsaharien, le gouvernement Tunisien persévère dans sa politique d’augmentation et de diversification des exportations. Malgré, notre positionnement géographique qui semble stratégique, la Tunisie occupe la 62ème position dans le listing des fournisseurs aux pays subsahariens. A noter que plus de 80 % des importations des pays subsahariens proviennent de pays en dehors du continent, en l’occurrence de la Chine, des Etats-Unis, de l’Inde, de l’Allemagne, de la France et de la Belgique.

Les produits exportés par la Tunisie vers l’Afrique subsaharienne concernent principalement les secteurs agroalimentaire (26,9% des exportations entre 2014 – 2016) et industries mécaniques et électriques (19%). Parmi les produit agroalimentaire exporté on cite particulièrement; la margarine, les préparations pour sauces, l’huile d’olive et les pâtes alimentaires.

Les exportations vers les marchés subsahariens sont concentrées principalement sur l’Ethiopie, le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Les cinq premières destinations des exportations de la Tunisie vers l’Afrique subsaharienne, en 2016, s’accaparent plus de la moitié des exportations (56.3 %).

Le développement des relations avec les pays sub-saharien doit donner lieu à des partenariats stratégiques, En fait, il ne faut pas considérer ces pays comme de simples marchés à conquérir, mais plutôt comme des pays à fort potentiel de développement et avec lesquels la Tunisie doit établir un partenariat multisectoriel durable qui touche les secteurs politique, économique, culturel et scientifique.

Des mesures politiques doivent être prises afin de faciliter à nos entreprises l’orientation vers ses nouveaux marchés. Le gouvernement doit multiplier ses efforts afin d’établir des accords commerciaux préférentiels avec les pays et les gouvernements régionaux d’Afrique subsaharienne. Le rôle de la Banque Centrale de Tunisie apparaît crucial à ce niveau afin d’encourager du développement d’un réseau bancaire tunisien en Afrique subsaharienne, à une époque où le Maroc a une forte présence bancaire sur le continent. En plus de la faible connexion des compagnies aériennes avec l’Afrique subsaharienne (Tunisair est en retard par rapport à d’autres concurrents tels que Royal Air Maroc ou Egypt Air), on également l’absence totale de lignes maritimes directes vers les ports de l’Afrique subsaharienne de l’est et de l’ouest.

Mehdi Mili