Accord ALECA Tunisie-UE : 1ier round des négociations et un avant gout des discussions

La Tunisie est depuis toujours bien intégrée avec un nombre limité de pays européens, à savoir la France, l’Italie et d’une moindre mesure l’Allemagne qui absorbent à elles seules 76% des exportations Tunisiennes.

L’ALECA pourrait donc devenir un vecteur d’une intégration plus profonde et équilibrée de la Tunisie dans un nombre plus important des pays européens.

En effet, l’adaptation progressive de l’économie tunisienne aux normes européennes devrait également contribuer à hausser la qualité des produits et services tunisiens, ce qui sera bénéfique aussi aux consommateurs tunisiens, et améliorera leur accès aux autres marchés.

C’est dans ce cadre que s’inscrit la tenue la semaine dernière à Tunis, du 18 au 21 avril, du premier round des négociations sur l’ALECA (Accord de Libre Echange Complet et Approfondi) entre la Tunisie et l’Union européenne. Lors de ce premier round, la Tunisie a demandé des éclaircissements exhaustifs sur tous les articles afin de mieux les communiquer à la société civile tunisienne notamment.

Dans ce premier round, il ne s’agit pas vraiment de négociations, mais plutôt de dresser, en toute transparence, des éclaircissements et des explications autour des principes de l’ALECA, et ce, dans le cadre d’un dialogue approfondi avec les représentants de toutes les parties prenantes, à savoir la société civile, les syndicats, les patronats, etc.

Le projet d’accord de libre échange entre les deux parties porte principalement sur la suppression de droits de douanes dans le secteur industriel et certains produits agricoles, et le renforcement des relations commerciales et économiques entre les deux parties.

Les deux parties sont conscientes de l’importance du principe de l’asymétrie, eu égard à la différence de niveau de développement des secteurs objets des négociations et leur niveau de compétitivité.

Le négociateur européen, M. Garcia Bercero a fait savoir, en outre, que l’économie tunisienne se développe d’une manière saine, vers une relance de la croissance et un climat des affaires de plus en plus favorable. Et même si la Tunisie représente un petit marché pour l’Europe, ces négociations représentent une priorité politique importante pour l’UE. Il  s’agit, donc, d’un accord gagnant-gagnant entre les deux parties.

Pour cette raison, et vu que l’ALECA se situe dans un contexte et des perspectives plus larges, ayant pour objectif de renforcer les relations bilatérales, M. Garcia Bercero a estimé qu’il importe de prendre tout le temps nécessaire pour conclure ces négociations. D’ailleurs, les délais varieront entre deux et trois ans, et ce, selon l’avancement des travaux et des engagements du côté tunisien.

En prévision de ces négociations, la partie tunisienne se propose de lancer deux études:

  • La première est une étude prospective sur les éventuels impacts de l’ALECA sur l’économie tunisienne.
  • La seconde étude qui sera élaborée par l’ITCEQ mettra l’accent sur la libéralisation des prix et une autre encore sur l’impact de la libéralisation des prix des produits agricoles.

Réaction de la société civile

La  société civile tunisienne, et euro-méditerranéenne a réagit rapidement  au démarrage des négociations ALECA. En effet, une vingtaine d’ONG tunisiennes, françaises et euro-méditerranéennes ont fait part de leur inquiétude sur l’asymétrie des chances des deux partenaires qui caractérise ce projet d’accord.

A Tunis, en marge de ce premier round  de négociations, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux a tenu une conférence de presse présidée par son président Abdeljelil Bédoui qui a déclaré que «  La Tunisie passe par un tournant aussi bien historique que décisif ».  

Pour bien mener ces négociations, Abdeljelil Bédoui a estimé que la partie tunisienne doit disposer « trois armes » :

  • Une évaluation du premier accord de 1995, ce qui n’a pas été fait car d’après lui, bien avant d’entamer la négociation, il faut se munir de l’évaluation.
  • Des études sur l’impact de l’offre européenne,
  • et une vision claire sur le modèle de développement tunisien.

Et de l’UTAP et de l’UTICA

Pour sa part l’l’UTAP a fait savoir, dans une déclaration d’un membre de son bureau exécutif aux médias que  la question n’est pas si on est pour ou contre l’ALECA mais de savoir dans quelles conditions l’accord sera négocié et conclu.

Il ajoute que cet accord  pourrait représenter une grande opportunité pour les opérateurs tunisiens puisqu’il peut potentiellement ouvrir un marché de 508 millions d’habitants aux produits tunisiens.

L’UTICA partage la même position ou presque puisque par la voix d’un membre de son bureau exécutif, elle  n’est pas contre l’ALECA mais pense qu’il ne faut pas se détourner des intérêts de la Tunisie lors de la négociation de cet accord.